Début 2015, Sun Store va adhérer à la convention RBP, petite révolution


BERNE - Dès le 1er janvier 2015, Sun Store va adhérer à la convention RBP (rémunération basée sur les prestations) comme l'indique un communiqué de la chaîne de pharmacies sur leur site Internet (sunstore.ch). C'est une petite révolution dans le monde de la pharmacie d'officine en Suisse. En effet, pendant de longues années Sun Store a essayé de se profiler dans le low-cost auprès de ses clients en renonçant notamment à ces taxes ou forfaits avec l'objectif d'acquérir de nouveaux clients. Mais comme le reconnaît l'enseigne dans un communiqué, la baisse constante du prix des médicaments de la part du Conseil Fédéral aura eu raison de cette méthode commerciale souvent considérée comme agressive par les autres pharmacies.

Sun Store prend un exemple en expliquant que le prix d'un sirop Dafalgan a chuté de CHF 6,65 à CHF 2,25 dans une période de 3 ans.

Comme l'affirme le communiqué, Sun Store s'estime face à un défi, et pour le relever, ils ont décidé finalement d'adhérer au système RBP. Ce langage diplomatique cache probablement des inquiétudes financières importantes sur la rentabilité à terme du groupe. Toutefois, Sun Store va renoncer à ces 2 forfaits (taxes) sur les médicaments et l'ordonnance lorsque le client payera comptant. Selon le communiqué, les frais administratifs sont dans ce cas moins élevés et Sun Store peut se permettre d'offrir les forfaits au client.

Sun Store

Sun Store a été rachetée il y a quelques années par la société Galenica (plus d'informations ici), leader suisse des pharmacies d'officine avec notamment son autre enseigne Amavita et des participations dans les Pharmacies Coop Vitality. Sun Store a été fondé en 1972 sur le modèle des drugstores américains, c'est-à-dire avec une importante surface commerciale pour vendre notamment des produits de droguerie et d'hygiène-beauté à prix bas et obtenir, à cause de gros volumes, d'importantes réductions de la part des fournisseurs. Sun Store a essayé pendant toutes ces années de construire dans la population suisse une image de prix bas, que cela soit en renonçant à ces taxes, en offrant 10 % de rabais tous les jours sur de nombreux produits et même 19 % un jour du mois avec une carte de fidélité.  Il faut objectivement admettre, si on faisait notamment une étude de marché, que le but a été en grande partie atteint. Notons qu'en marketing il y a une différence entre la perception d'un prix bas de la part du client et la pratique réelle ou non de prix bas, si on compare à d'autres pharmacies ou drogueries. Amavita, selon nos informations, qui se positionne davantage sur un service de valeur ajoutée a une politique différente et facture les différents forfaits à la majorité de ses clients.

RBP

La RBP, rémunération basée sur les prestations, a été lancée en 2001. Actuellement la RBP inclut deux forfaits, le forfait "validation médicament" pour CHF 4,30 par médicament prescrit et le forfait "validation traitement" pour CHF 3,25 par ordonnance. La RBP est un contrat entre santésuisse (association des caisses maladie) et pharmaSuisse. La RBP a pour objectif de compenser la réduction de la marge des médicaments, suite à la chute des prix des médicaments sur ordonnance (Rx) voulue par les autorités politiques ces dernières années, principalement avec l'objectif pour la population suisse d'abaisser ou de stabiliser le prix des primes d'assurance maladie.

À l'époque de son lancement, certains pharmaciens (notamment Vaudois) s'étaient montrés très critiques. Il est vrai que le terme "taxe" choisit au début n'était de loin pas excellent au niveau marketing. Le nouveau terme forfait a peut-être aidé à mieux faire "passer la pilule", mais il continue à être parfois critiqué par les clients. Ce qui est sûr, avec cette décision de Sun Store, désormais presque toutes les pharmacies de Suisse seront à la même enseigne et cela facilitera probablement le message envoyé à la population.

Lobby ?

La plupart des métiers et des entreprises, à commencer par ceux de la finance (ex. UBS, CS), de la Big Pharma (Novartis, Roche) ou de l'alimentation (Nestlé) sont très présents dans les centres d'influence avec du lobbying (pour résumer, cherchant à influencer les décideurs), en Suisse bien sûr à Berne mais aussi à Bruxelles ou à Washington lorsque les enjeux sont plus internationaux. Les pharmaciens suisses devraient commencer à faire plus de pression et lobbying, notamment politique et médiatique, pour lutter contre la baisse constante du prix des médicaments, car à la fin et à ma connaissance, les salaires autant des pharmaciens que des assistantes en pharmacie ne baissent pas, ni les charges (ex. loyer).

Conclusion, sans mobilisation forte, la santé financière de toutes les pharmacies suisses, et pas seulement des indépendants comme le montre cet article, est clairement menacée. Vouloir compenser la chute des ventes Rx (médicaments sur ordonnance) par des produits de droguerie et d'hygiène-beauté peut être à terme une bonne idée mais elle me paraît à long terme difficile, à cause notamment de la domination gigantesque de Migros et Coop sur le marché suisse, à eux deux ils représentent environ 80 % du marché du commerce de détail (retail en anglais) et presque 10 % du PIB suisse. L'avenir des pharmacies passe probablement, et comme presque toujours dans la santé, par une bonne collaboration avec ce qu'on appelle désormais aux États-Unis les payeurs (autorités politiques, assurances maladie). La solution est donc clairement et principalement politique. A quand des pharmaciens dans les hautes sphères des principaux partis politiques suisses (ex. PLR, UDC, PDC, PS, Verts, etc.) ?

L'exemple de la France ?

Peut-être, à nous pharmaciens de nous inspirer de la récente grève des pharmacies en France, pour rappel la très grande majorité (environ 90 %) des 22'000 pharmacies de l'Hexagone a fermé pendant un jour, le mardi 30 septembre, afin de protester surtout contre une réforme en gestation du gouvernement Hollande menant notamment à une libéralisation partielle des pharmacies en France, actuellement elles se trouvent sous un régime protectionniste (ce qui n'est pas le cas de la Suisse).

Même si la situation entre la Suisse et la France est finalement assez différente sur le fond, les idées de pression politique en effectuant par exemple une grève d'un jour mais aussi et surtout en mobilisant les clients des pharmacies pour leur expliquer la problématique (ex. "Si en Suisse on continue avec cette baisse continue du prix des médicaments, toujours plus de pharmacies vont disparaître et faire faillite") me paraissent très intéressantes. À bon entendeur.

Le 3 octobre 2014. Par Xavier Gruffat, pharmacien, MBA, co-fondateur de Pharmapro.ch. Sources : communiqué de Sun Store, ATS, Pharmapro en allemand (de.pharmapro.ch), 3-min.info

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