Le vapotage aide à arrêter de fumer des cigarettes (étude)


BERNE - Le vapotage (e-cigarette) avec nicotine est une aide efficace pour arrêter de fumer des cigarettes de tabac. Il ne contribue toutefois pas à réduire la dépendance à la nicotine, selon la plus grande étude au monde sur le sujet, dirigée par l'Université de Berne. Les chercheurs ont rappelé que le vapotage, surtout pour les jeunes, n'était pas sans risque.

Des chercheurs en médecine de famille, pneumologie, toxicologie, addictologie et en épidémiologie, dans cinq centres d'études en Suisse (Berne, Genève, Lausanne, Zurich, St-Gall), ont participé à la plus grande étude du genre, sous la direction de l'Université de Berne (UniBE), a indiqué jeudi cette dernière. L'étude, publiée dans The New England Journal of Medicine, a notamment été soutenue par le Fonds national suisse.

L'étude a évalué l'efficacité, la sécurité et la toxicologie de vaporettes avec nicotine, associées à une aide intensive au sevrage tabagique, comparativement à une aide similaire, mais sans vaporettes. L’aide intensive au sevrage tabagique dans les deux groupes comprenait des conseils individualisés pour soutenir l’arrêt du tabac et prévenir la rechute ainsi que des substituts nicotiniques ou un autre médicament pour le sevrage tabagique.

Peu d'effets indésirables

Les résultats montrent que le vapotage avec nicotine augmente l’efficacité des conseils intensifs pour le sevrage tabagique et qu’il présente peu d'effets indésirables. Il n'aide toutefois pas à sortir de la dépendance à la nicotine.

Durant six mois, 1246 personnes, fumant au moins cinq cigarettes de tabac par jour et prêtes à fixer une date d'arrêt, ont été inclues dans les deux groupes. Elles ont participé à des examens cliniques dans les cinq centres d'études.

L'ajout des vaporettes au soutien conventionnel de sevrage au tabac a augmenté le nombre absolu de personnes abstinentes au tabac de 21%. A six mois, le taux d'abstinence du tabac était de 53% dans le groupe avec vaporettes et de 32% dans le groupe sans vaporettes.

Cependant, de nombreuses personnes qui ont arrêté de fumer du tabac ont continué à vapoter et donc à consommer de la nicotine. Par conséquent, l'abstinence de nicotine était inférieure de 14%.

"Il n’y a pas eu plus d’effets indésirables graves dans le groupe avec vaporettes", peut-on lire dans le communiqué. "Compte tenu de l'ampleur de l'étude, ces résultats permettent de rassurer sur la sécurité des vaporettes pour l’aide à l’arrêt du tabac", a déclaré le professeur Reto Auer de l'Institut bernois de médecine de famille de l'Université de Berne et d’Unisanté, Centre universitaire de médecine générale et santé publique à Lausanne.

Il y a eu cependant plus d'événements indésirables légers dans le groupe avec vaporettes que dans l'autre groupe. "Cela s'explique entre autres par le fait que la nicotine des vaporettes utilisées dans l’étude irrite davantage la gorge que celle des cigarettes de tabac, qui contiennent des additifs pour atténuer précisément ces symptômes", a ajouté le professeur.

Les problèmes de santé tels que la toux ou les expectorations étaient cependant moins importants dans le groupe des vaporettes que dans le groupe de contrôle.

Evaluations à long terme nécessaires

Selon le groupe de recherche, des évaluations à long terme sont cependant nécessaires pour confirmer le bénéfice pour la santé. Les vaporettes pourraient être utiles dans le cadre d'une prise en charge clinique du sevrage tabagique. Pour les auteurs, une approche pragmatique consisterait à proposer l’option du vapotage aux fumeurs, plutôt que de les laisser seuls face à leur dépendance et aux conséquences de leur consommation sur la santé.

"Le vapotage n'est pas sans risque. Même si les vaporettes libèrent beaucoup moins de substances toxiques que les cigarettes de tabac, elles libèrent des substances cancérigènes à des taux plus faibles et la nicotine peut entrainer un comportement addictif, en particulier chez les jeunes", ont-ils rappelé.

Le 15 février 2024. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

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