Interview avec la pharmacienne Cristiana Granci de Carouge (GE)

« Je vois la pharmacie du futur comme un endroit où l’on entre avec des questions sur son état de santé et où l’on sort avec des réponses claires »


Dre Cristiana Granci (photo) est pharmacienne adjointe à la Pharmacie St-Victor à Carouge dans le canton de Genève. Elle est également naturopathe. Pharmapro.ch a pu lui poser quelques questions pour mieux connaître son riche parcours.

Bonjour ! Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ? 
Bonjour, je suis une "jeune" femme de presque 50 ans, originaire d'Italie. Plus exactement de la Toscane, une région riche d’oliviers, de vignobles et de noms célèbres (par exemple Leonardo da Vinci). Depuis mon enfance, j’ai été curieuse et très passionnée par la science et la psychologie, et cela a marqué tout mon parcours. J’aime beaucoup me définir comme une "Alice", le personnage du célèbre livre du mathématicien Lewis Carroll.

J’ai fait des études scientifiques, et en parallèle j’ai cultivé l’intérêt pour le développement de l’être humain, son esprit, ses comportements dans le temps et la corrélation entre celui-ci et le développement des maladies. Au fil des années j’ai commencé à me poser des questions comme : pourquoi, face aux mêmes conditions génétiques et/ou environnementales, certains individus tombent malades et d’autres non ? D'après mes réflexions, l’être humain est un système complexe, qui entre en résonance avec d’innombrables stimuli ; dans la plupart des cas, l’être humain n’a aucune conscience de cela, ce qui fait qu’il commence à souffrir puis à développer des maladies, qui sont liées aux "stimuli" qu’il a reçus.
A partir de là, j’ai commencé à me former pour trouver des réponses à la souffrance que l’on ressent quand on devient "malade", dans tous les sens du terme. J’ai suivi différents chemins d’étude (la naturopathie, le Reiki, l'école de Bert Hellinger, l'école de médiation et de la gestion des conflits, et j'ai étudié et travaillé dans différents endroits, dont la Toscane, la Sardaigne, Barcelone, Montpellier, Prague et l’île Maurice. Puis j’ai commencé à rassembler, à intégrer tous les parcours et connaissances.

Pourquoi avez-vous choisi le métier de pharmacienne ?
Parce que parmi les choses qui m’intéressaient, à la fac (uni) de pharmacie j'ai pu étudier la chimie et les effets de celle-ci sur notre corps et notre cerveau. Le pharmacien est un professionnel de la santé et pour moi cela signifie transformer l’état d’une personne de A à B, en mieux.

Vous êtes pharmacienne adjointe, en quoi consiste votre travail en quelques phrases ? Vous êtes à temps partiel ou plein temps ?
Mon rôle à la Pharmacia St Victor est typiquement le même rôle que tous les pharmaciens ; étant adjointe je travaille en tant que bras droit du responsable, et je le soutiens dans toutes les tâches pour le bon fonctionnement de la pharmacie.
J'avoue que j'ai eu de la chance car là où je travaille le responsable, Benjamin Bongard, un des pharmaciens les plus compétentes que j'ai connu et d'ailleurs toute l’équipe, ont la même philosophie de travail que moi, c’est-à-dire une grande motivation à suivre la personne qui entre dans la pharmacie et qui cherche à traiter un problème, de toutes sortes. Cela signifie qu’il y a eu une grande entente entre nous depuis le début, et cela permet à la Pharmacie d’offrir un excellent service dans le quartier de Carouge, à Genève.
Je travaille à 90%, ce qui me permet de continuer à suivre ma formation personnelle : je viens de commencer une école de thérapies alternatives à Genève, qui s’appelle TCMA.

Vous êtes aussi naturopathe, comment pratiquez-vous ce travail en officine ?
Il n’est pas toujours facile ni toujours possible d’établir une relation naturopathe-patiente en pharmacie; malgré cela, à la pharmacie St-Victor, nous sommes connus pour avoir une attention particulière à la médecine intégrée, à la prévention, au conseil très personnalisé comprenant le "holos" de la personne. Avec l’expérience, on peut réussir à poser les bonnes questions dans un court laps de temps pour pouvoir apercevoir le terrain de la personne qui se trouve devant, et lui donner un conseil ciblé.

La phytothérapie est largement le moyen que je préfère, parce que dans les plantes nous pouvons trouver presque toutes les réponses ; en dehors de cela, bien sûr, je fais appel à de nombreux conseils différents, de l’homéopathie à l’équilibre du microbiome, sans oublier le pouvoir de l’exposition à la lumière et aux couleurs, aux odeurs et de la domothérapie (la science de créer un environnement harmonieux où séjourner). Je suis orgueilleuse de dire que nous avons un excellent feedback !

Je pense et je vois la pharmacie du futur comme un centre d'"amélioration" pour l’être humain, un endroit où l’on entre avec des questions sur son état de santé et où l’on sort avec des réponses claires, de nouvelles connaissances et un chemin à suivre, où le coach est le pharmacien qui nous attend la prochaine fois pour suivre les résultats ensemble. La pharmacie peut évoluer et devenir soit le lieu où l’on informe la clientèle sur l’utilisation des médicaments, mais aussi sur la façon d’apprendre à s’écouter et à comprendre les symptômes. Je pense que le personnel de la pharmacie devrait être formé pour cela, pas seulement pour connaître la quantité en mg d’amoxicilline et d’acide clavulanique à donner dans les différentes tranches d’âge. Être en bonne santé et avoir une vie enrichissante est quelque chose qu’on peut apprendre, et qui mieux que le pharmacien peut l’enseigner ?

Qu'est-ce que vous aimez dans le métier de pharmacienne ? Ou dit autrement, qu'est-ce qui fait sens dans ce métier ?
Sans aucun doute, la possibilité de rencontrer des centaines de personnes différentes, d'ethnies différentes, avec des habitudes et des terrains différents, qui apportent leur "problème" et m'engager à réussir à améliorer leur condition, à les transformer, à les faire "évoluer".

Vous connaissez aussi bien l'Italie, quelles différences voyez-vous entre le métier de pharmacien en Suisse et en Italie ?
Les différences sont nombreuses, à tous les niveaux : législatif, bureaucratique/administratif, dans la possibilité de dispenser certaines molécules sans avis du médecin, dans le remboursement de la médecine naturelle, et plus encore.

Le plus étonnant pour moi, quand j’ai fait mes premiers pas en tant que pharmacienne en Suisse, a été d’apprendre la possibilité pour le pharmacien de vacciner et de faire des injections aux clients, alors qu'en Italie il n’y a en aucun cas une possibilité de "toucher" un client.

Pour terminer, deux questions plus légères, vous regardez plutôt la TV ou le streaming (ex. Netflix) ?
Je réponds volontiers, je n’ai pas de télé depuis plus de dix ans : je ne la trouve pas intéressante. Par contre oui, j’ai un abonnement à Netflix et avec mon fils, le soir, nous nous regardons ensemble des docu, des biographies (on trouve des choses très intéressantes et on est passionnés de physique quantique et d’espace, ainsi que, bien sûr, de la psychologie), ainsi que des séries (parmi les plus variées).

Vos vacances idéales (ex. mer, montagne, grande ville) ?
Je suis née près de la mer, et son odeur est inoubliable... ainsi que riche en Iode, NaCl, Mg, K, Br, Si, et d’autres sels ;) Tout est beau en vacances, visiter de nouvelles villes, les paysages blancs enneigés; mais mes vacances idéales restent le soleil, le bleu du ciel et le bleu de la mer.

Publié le 9 février 2023. Interview réalisée par email en janvier et février 2023 par l’équipe de Pharmapro.ch. L’interview a été légèrement éditée pour en simplifier la lecture avec une relecture de l'équipe de Pharmapro.ch. Crédit photo : divulgation.

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