Novartis renonce à fermer Prangins (VD) et réduit les coupes à Bâle
BERNE - La fronde aura payé: Novartis renonce à fermer son site de Prangins (VD), près de Nyon, et revient sur les 320 licenciements annoncés. A Bâle, le groupe pharmaceutique rhénan a revu sa restructuration à la baisse.
Novartis va effectuer des investissements à Nyon ces prochaines années afin de moderniser l'usine, a déclaré le patron de Novartis Suisse, Pascal Brenneisen, mardi devant les médias à Berne, refusant toutefois de donner un montant. L'objectif est d'obtenir l'homologation du site de production par les autorités sanitaires américaines (FDA) afin de créer un nouveau marché pour ces produits.
Les employés et la direction renoncent partiellement aux augmentations de salaire, a ajouté Pascal Brenneisen. En outre, les quelque 160 collaborateurs soumis à une semaine de travail de 37,5 heures passent à 40 heures, le reste des employés étant déjà soumis à 40 heures de travail hebdomadaires.
La production d'usines tierces sera probablement intégrée sur le site nyonnais, a ajouté Pascal Brenneisen. Il a cependant assuré que la décision de conserver le site de Prangins n'aurait aucune répercussion négative sur d'autres sites du groupe.
Réduction fiscale
Le canton de Vaud a pour sa part consenti à une réduction fiscale temporaire, a précisé le conseiller d'Etat vaudois Philippe Leuba, L'élu s'est dit dans l'impossibilité de chiffrer cet accord en voie de réalisation, mais a insisté qu'il ne s'agissait "pas d'une Lex Novartis", mais de "règles usuelles" en la matière.
Le libéral-radical a aussi annoncé qu'une partie de la parcelle de quelque 21'000 mètres carrés détenue par Novartis sur le site vaudois serait réaffectée afin de créer des logements et de lutter contre la pénurie sévissant dans la région nyonnaise. "Cela permettra des constructions mixtes (logements et commerces) qui s'inscrivent dans le plan directeur cantonal en matière de densification du logement", s'est-il réjoui.
Philippe Leuba a salué un dénouement permettant "le maintien des places de travail dans le secteur industriel", garantissant une économie diversifiée pour le canton de Vaud. Il s'est en outre félicité qu'il s'agisse d'une solution à long terme "et pas d'une solution à court terme de type Cardinal".
Pour sa part, Unia salue "un succès historique", grâce à la grève du 16 novembre, à des manifestations couronnées de succès à Bâle et à Nyon et à des propositions alternatives constructives, écrit le syndicat, ajoutant que le soutien de la population et des autorités aura été déterminant.
Moins de licenciements à Bâle
A Bâle, Novartis reconsidère à la baisse les 760 licenciements prévus. Le groupe pharmaceutique espère trouver un autre poste au sein de la société à un tiers des collaborateurs touchés et compte mettre un autre tiers à la retraite anticipée.
Le conseiller d'Etat en charge de l'économie de Bâle-Ville, Christoph Brutschin, a salué un "travail très constructif" entre les parties. Il a toutefois regretté que les licenciements n'aient pas pu être complètement évités.
Le syndicat Employés Suisse et les représentants du personnel de Novartis ont pour leur part estimé dans un communiqué que la totalité des emplois bâlois aurait pu être sauvée si Novartis l'avait voulu. Ils exigent que le groupe pharmaceutique, qui a uniquement pris acte de leurs propositions sans entamer le dialogue, ouvre enfin des discussions.
Coupes aux Etats-Unis
Novartis, qui emploie au total quelque 121'000 collaborateurs dans le monde dont près de 12'500 en Suisse, a annoncé le 25 octobre vouloir supprimer 2000 emplois dans le monde, dont une bonne moitié en Suisse, dans le cadre d'un programme de réduction des coûts.
Le même jour, le groupe avait annoncé que son bénéfice net avait augmenté de 7% au cours du 3e trimestre 2011 à 2,49 milliards de dollars(2,2 milliards de francs).
A cette réduction de 2000 emplois s'est ajoutée la semaine dernière l'annonce de la suppression de 2000 postes aux Etats-Unis.
ATS, 17 janvier 2012