Septicémies chez les enfants en grande partie contractées à l’hôpital (étude)


BERNE - Les septicémies (ou sepsis, ce terme est de plus en plus préféré par la communauté médicale) font partie des causes de mortalité les plus fréquentes chez les enfants en bas âge. Une grande partie de ces infections sont contractées à l’hôpital. Telle est la conclusion de l’enquête nationale sur la septicémie qu’ont achevée les cliniques pédiatriques suisses.

Facteurs de risques : Germes, cathéters, prédisposition à l’immunodéficience Plus de 1 200 enfants sont tombés malades en Suisse au cours de la période d’enquête. «D’une part, la septicémie concerne les enfants auparavant sains, avec des évolutions en partie très graves. D’autre part, un tiers de tous les cas de septicémie était dû aux bactéries avec lesquelles les enfants étaient entrés en contact au cours de leur séjour hospitalier», résume le docteur en médecine Philipp Agyeman, médecin en chef du Service universitaire de pédiatrie de l’Inselspital de Berne. Cela s’est produit avec une fréquence particulière chez les enfants prématurés, les enfants sous chimiothérapie et les enfants gravement atteints ayant été hospitalisés dans le service des soins intensifs. Sept pour cent des enfants sont morts malgré les meilleurs soins médicaux possibles.

La prévention comme point de départ décisif Les expériences faites dans d’autres pays montrent qu’une partie des cas de septicémie en Suisse aurait probablement pu être empêchée par une meilleure prévention. «C’est surtout en faveur des prématurés et des nouveaux-nés ou des enfants avec une maladie sous-jacente que des mesures doivent être prises», affirme le professeur Christoph Berger, codirecteur de l’Infectiologie et directeur de l’Hygiène hospitalière de l’hôpital pédiatrique de Zurich. Car les séjours hospitaliers fréquents ou un cathéter veineux augmentent le risque d’infection nosocomiale.

D’autres indications concernant la septicémie infantile ont également été livrées par une base de données nationale d’échantillons sanguins relative à la septicémie infantile créée au cours de l’enquête. «Une analyse génétique du génome des enfants concernés nous permet d’identifier les déficits immunitaires rendant les enfants particulièrement sensibles à une septicémie», explique le directeur de l’étude le professeur Luregn Schlapbach de l’Inselspital de Berne. En coopération avec l’EPFL de Lausanne, des recherches complémentaires sur les causes génétiques favorisant une septicémie chez les enfants sont planifiées. Les résultats devraient améliorer la prévention et la thérapie de la septicémie.

Septicémie, une maladie grave

La septicémie représente une grave infection bactérienne pouvant conduire rapidement au dysfonctionnement des organes vitaux ou à la mort si elle n’est pas traitée. Plusieurs millions d’enfants par an en meurent dans le monde entier. En moyenne, un enfant contracte chaque jour en Suisse une infection potentiellement mortelle. C’est pourquoi l’Organisation mondiale de la santé a adopté en mai 2017 à Genève une résolution obligeant les pays signataires à améliorer la prévention de la septicémie.

Dans le monde, on estime qu’il y a environ 28 millions de cas de sepsis par année, dont 8 millions de décès. Aux Etats-Unis, on estime qu’1 à 2 millions d’Américains souffrent de sepsis chaque année. On compte dans ce pays environ 500’000 décès. Dans une émission scientifique de la NPR (radio publique américaine de référence) publiée en avril 2017, le scientifique John McDonough estimait qu’il y avait chaque année environ 2 millions de cas de sepsis aux Etats-Unis avec une mortalité d’environ 30%. Toujours selon John McDonough, environ 25% des personnes qui souffrent d’un cancer ne meurent pas du cancer proprement dit mais d’un sepsis.

Référence étude : http://dx.doi.org/10.1016/S2352-4642(17)30010-X

Le 26 juillet 2017. Sources : Communiqué de presse de l'Hôpital de l'Île à Berne (Suisse), Creapharma.ch (dossier sur le sepsis, voir références en bas de l'article sur le site Creapharma.ch > Maladies > Sepsis)

Les dernières news

Inscrivez-vous à notre newsletter gratuite du vendredi