Interview de Pierre-Nicolas Jakubczak, pharmacien gérant dans le Jura


ARTICLE POUR PROFESSIONNELS 
Domaine : Pharmacie, santé
Mots-clés : officine, vision d’avenir, réseaux
Niveau de difficulté de l’article : facile (sur 3 niveaux : facile, moyenne et difficile)

LAUSANNE – Pierre-Nicolas Jakubczak a fait ses études de pharmacie en France et a décidé de s’établir en Suisse, en y amenant énergie, passion et positivité dans son activité officinale. Il est actuellement pharmacien gérant de la pharmacie du Tilleul à Delémont (JU).

Pharmapro - Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Etant à la fois intéressé par l’économie et la chimie, mon choix s’est porté après le lycée vers l’université de pharmacie de Strasbourg. Désirant dès le début de mon cursus m’orienter vers une carrière en officine, j’ai rapidement réalisé des stages qui ont confirmé mon intérêt. Après mon doctorat et 1 an d’exercice en France, j’ai été séduit par le projet de deux pharmacies indépendantes en Suisse dans le canton du Jura. Cela fait 6 ans que je travaille pour le groupe, à la pharmacie du Tilleul à Delémont, dont j’ai repris la gérance. Nous développons des prestations et le conseil complémentaire aux ordonnances. En ce sens, et ayant une sensibilité toute particulière pour la nutrition, j’ai complété ma formation par un diplôme universitaire en micro-nutrition. 

Quelles sont les différences principales entre les pharmacies en France et en Suisse ?
Le système de santé est très différent, impactant ainsi directement l’activité du pharmacien. Sans rentrer dans les détails, il est clair que la Suisse est en avance sur le développement des prestations (polymédication, netcare), les campagnes de dépistage (cancer colo-rectal) et les campagnes de prévention (vaccination).

Qu’aimez-vous dans le métier de pharmacien ?
- La proximité avec les patients et la confiance qu’ils nous témoignent. Deux choses indispensables pour un accompagnement optimal.
- Etre à la frontière entre un professionnel de santé et un gestionnaire.
- La diversité des tâches effectuées au quotidien.
- Le panel de thérapeutiques à notre disposition pour aider les patients.

Quelle est d’après vous la valeur ajoutée du pharmacien en 2018 ?
La délivrance de médicaments fait partie de notre A.D.N, mais celle-ci doit impérativement être valorisée en :
- rappelant au quotidien les bonnes règles d’hygiène de vie
- sensibilisant la population aux problèmes de santé publique
- proposant un dépistage de certaines pathologies
- améliorant la compliance par l’éducation thérapeutique (entretien de polymédication)
- effectuant un triage méthodique des cas rencontrés au comptoir, à la fois triage interne (assistant(e) / pharmacien(ne)) mais aussi triage externe (médecin)
- conseillant au plus juste les patients
Tous ces critères sont sources d’économie pour notre société. Nous avons donc un rôle majeur à jouer. Notre plus-value se situe aussi au niveau de notre proximité et notre disponibilité (amplitude horaire, accès sans rendez-vous).

Si vous deviez décrire le métier de pharmacien en 10 mots, lesquels choisiriez-vous ?
Proximité, social, conseil, suivi, sécurité, qualité, disponibilité, informatif, empathie, écoute.

Avez-vous un rêve, une ambition professionnelle personnelle ou pour la profession ?
Améliorer les échanges entre pharmacien(nes) en créant un réseau d’échange via les réseaux sociaux.

Si vous aviez un message pour les pharmaciens en devenir, que leur diriez-vous ?
L’exercice professionnel peut être extrêmement différent d’une pharmacie à l’autre en fonction de : la localisation, la politique interne, du référencement et de la spécialisation. Multiplier les expériences est très enrichissant. Cela permet de trouver le mode d’exercice le plus adapté à sa vision de la profession. Une multitude de compétences sont requises pour exercer notre métier : de la pharmacologie au management en passant par le marketing, les médecines complémentaires, sans oublier les qualités relationnelles indispensables dans l’exercice de tous les jours. Le travail est donc très varié et offre la possibilité de se spécialiser.

Les pharmaciens suisses sont à nouveau confrontés à une baisse de prix des médicaments. Comment peuvent-ils remédier à cela ?
La vraie issue pour le pharmacien est de s’émanciper de plus en plus du revenu généré par les médicaments sur ordonnances. Les prestations font partie des nouvelles rémunérations possibles.

Comment faire pour améliorer la relation et la collaboration entre pharmaciens, médecins et autres acteurs du système de santé ?
La relation avec le prescripteur ne doit pas se résumer aux seules prescriptions. Trop souvent synonyme de négativité (problème de lecture, article non disponible, interaction). Il faut être dans une relation win-win, se demander ce que nous pouvons apporter aux médecins. Notre atout réside dans la fréquence de visite des patients dans nos officines. Nous avons donc un rôle majeur à jouer dans le suivi du traitement et dans le recueil des problèmes exprimés par le patient. Citons aussi les cercles de qualité qui permettent un échange direct entre professionnels de santé.

Quel est le plus grand défi (challenge) dans la profession de pharmacien, selon vous ?
Le plus grand défi est sans doute devant nous. La digitalisation de la santé va bouleverser notre manière de travailler et l’arrivée de nouveaux acteurs va exacerber une concurrence déjà fortement ancrée. Malgré tout je reste positif sur l’avenir de notre métier. La transition amorcée depuis quelques années va dans le bon sens. L’aventure promet d’être passionnante.

Finalement, êtes-vous plutôt thé ou café ?
Thé vert jasmin :)

Le 18 janvier 2018. Interview réalisée par Van Nguyen (pharmacienne) par messages LinkedIN entre novembre 2017 et janvier 2018. 

Sa page LinkedIN: www.linkedin.com/in/pharmacien

Site de la pharmacie où il est gérant : www.tilleul.ch

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