Cancer du col de l'utérus : recommandations du comité d'experts


BERNE - Le Comité national d’experts du dépistage du cancer a publié ses recommandations au sujet du cancer du col de l'utérus. Il préconise notamment un intervalle de trois ans, voire cinq, entre les examens de dépistage.

Chaque année en Suisse, quelque 260 femmes développent un cancer du col de l’utérus et 70 environ en meurent. Pratiquement toutes les tumeurs du col de l’utérus sont dues à une infection persistante par certains types de papillomavirus humains (HPV).

Le dépistage permet de déceler précocement des modifications tissulaires du col de l’utérus et d’éviter ainsi des cancers ou de les traiter à leurs débuts, a indiqué mercredi le Comité dans un communiqué.

En Suisse, la méthode de dépistage la plus utilisée est la recherche de modifications cellulaires, ou test cytologique. Sur le plan international, toutefois, l’analyse du frottis porte de plus en plus sur la recherche de certains HPV (test HPV).

Après examen de l’efficacité clinique, des préférences des groupes cibles et du rapport coût-efficacité des deux méthodes, le comité d’experts est arrivé à la conclusion que l’examen cytologique reste indiqué pour les 21 à 29 ans.

Étant donné que les infections à HPV sont très fréquentes dans cette tranche d’âge et guérissent spontanément dans la plupart des cas, un suivi de toutes les infections à HPV entraînerait de nombreuses investigations superflues et en partie stressantes. Pour les 30 à 70 ans en revanche, le comité propose un dépistage par frottis et test HPV de première intention et un triage cytologique.

Intervalle de trois ans

Aujourd’hui, un intervalle de trois ans est préconisé entre les examens de dépistage du cancer du col de l’utérus en Suisse. La pratique n’est toutefois pas homogène : l’examen est souvent pratiqué tous les ans et, parfois, il est effectué trop rarement ou n’est jamais réalisé.

Le comité d’experts n’a pas trouvé d’éléments indiquant un bénéfice clinique lors d’un dépistage annuel, alors qu’un intervalle plus long entre les examens réduit le stress lié au dépistage et est plus économique. En conséquence, il recommande, indépendamment de la tranche d’âge, un intervalle de trois ans.

Un intervalle de cinq ans pourrait même être envisagé. Il ne ressort des données disponibles aucune différence importante entre des intervalles de trois ou cinq ans. Un tel allongement requiert toutefois une large acceptation et une stratégie de mise en œuvre ciblée, sous la forme d’un dépistage organisé, par exemple.

Enfin, le comité recommande que les coûts liés au test HPV pratiqué à des fins de dépistage soient remboursés par les caisses-maladie. Une telle prise en charge est une condition préalable pour que toutes les personnes concernées aient accès au dépistage, soulignent les experts.

Vacciner les jeunes

Dans un communiqué, la Ligue suisse contre le cancer a indiqué accueillir avec satisfaction ces recommandations. Elle demande également que les coûts des tests HPV pratiqués à des fins de dépistage soient pris en charge par l'assurance obligatoire des soins entre 30 et 70 ans dans le groupe cible.

Le cancer du col de l'utérus est le quatrième cancer le plus fréquent chez la femme dans le monde. C'est aussi l'un des rares cancers qui pourraient être éradiqué grâce au dépistage et à la vaccination, note la Ligue.

Comme le comité, celle-ci attire l'attention sur l'importance de sensibiliser la population et de l'informer de manière circonstanciée dans une optique de réduction des inégalités d'accès au dépistage. Elle invite les cantons à réfléchir à un dépistage organisé sous forme de programmes.

Enfin, la Ligue recommande la vaccination contre les HPV à toutes les personnes âgées de 11 à 26 ans. Il est en effet important de vacciner non seulement les filles et les jeunes femmes, mais aussi les garçons et les jeunes hommes.

Certaines infections aux HPV peuvent en effet devenir chroniques et entraîner des risques de cancer de l’anus, de la bouche et du pharynx, ou encore du pénis. En Suisse, la vaccination est gratuite dans cette tranche d'âge lorsqu'elle est effectuée dans le cadre d'un programme cantonal de vaccination.

Le 11 août 2021. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

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