Le test apoB : un nouvel outil pour contrôler le taux de cholestérol ?


L’excès de cholestérol dans le sang ou hypercholestérolémie constitue l’un des facteurs majeurs de maladies cardiovasculaires. C'est l'une des premières causes de mortalité dans le monde. Interrogé par les sites Creapharma.ch et Pharmapro.ch, le Prof. Nicolas Rodondi, professeur à l’Université de Berne et médecin-chef à l’Inselspital à Berne en Suisse apporte son éclairage sur un test de plus en plus cité dans les milieux médicaux : la mesure de l’apolipoprotéine B ou apoB. En effet, il suscite un intérêt croissant, au point que certains experts le considèrent comme un indicateur plus précis du risque que la mesure du LDL seul.

Mieux comprendre l'apoB

L’apoB est une protéine présente sur toutes les particules lipidiques capables de favoriser l’obstruction des artères. Étant donné que chaque particule transporte une molécule d’apoB, en mesurer la concentration permet de compter le nombre total de particules susceptibles de s’infiltrer dans la paroi des artères. Les lipoprotéines qui ont tendance à se coller et à libérer leur cholestérol dans la paroi artérielle le font à cause de l'apoB. Chaque particule est enveloppée d'un seul brin de cette protéine.


Nombre de LDL

Contrairement au cholestérol LDL, des lipoprotéines de basse densité, souvent surnommées « mauvais cholestérol », qui mesure la quantité de cholestérol transportée par les particules LDL, l’apoB reflète directement leur nombre. Cependant, pour un taux de LDL identique, certaines personnes ont beaucoup de petites particules LDL tandis que d’autres en ont peu mais plus grosses. Or, c’est surtout le nombre total de particules qui compte pour le risque cardiovasculaire. Le test apoB permet donc d’identifier un risque que la simple mesure du LDL pourrait manquer.

Selon un article publié par le blog d'Harvard Health, des valeurs d’apoB inférieures à 90 mg/dL sont généralement considérées comme acceptables chez une personne en bonne santé, alors qu’un taux ≥ 130 mg/dL est associé à un risque cardiovasculaire nettement accru.

La Société européenne de cardiologie (European Society of Cardiology) recommande désormais la mesure de l'apoB comme étant la meilleure façon de mesurer les risques cardiaques, mais cela ne s'est pas encore répercuté sur les calculateurs utilisés par la plupart des médecins en Europe et aux Etats-Unis. Pourtant, cela change complètement les résultats. Environ 20 à 30 % des personnes ont un faible taux de cholestérol LDL, mais également un taux élevé d'ApoB.

Même si l’apoB n’est pas réalisé en routine, certains profils pourraient en bénéficier, notamment les personnes souffrant de diabète, de stéatose hépatique, d’obésité ou présentant un risque cardiovasculaire élevé malgré un LDL « normal ». Dans ces situations, l’apoB peut aider à affiner le diagnostic et, parfois, à ajuster plus précisément les objectifs thérapeutiques.

Un intérêt certain, mais limité selon le Prof. Rodondi

Selon le Prof. Nicolas Rodondi de l'Inselspital, les données actuelles ne justifient pas encore l’utilisation du test apoB en routine clinique.

En effet, l’ensemble des grandes études ayant établi les objectifs de traitement sont basées sur la mesure du LDL (LDL-cholestérol), et non sur l’apoB. De ce fait, les recommandations cliniques internationales continuent de se fonder principalement sur le LDL. Il estime que le dosage de l’apoB peut être utile dans certaines consultations spécialisées, notamment pour explorer des troubles lipidiques familiaux, mais qu’il n’a pas sa place dans la pratique clinique courante. Il rappelle, en outre, que faute de données robustes, aucune cible thérapeutique standardisée n’est définie pour l’apoB, contrairement au LDL, limitant ainsi l’intérêt pratique du test dans le suivi des patients.

Le 8 décembre 2025. Par l'équipe de Creapharma.ch et Pharmapro.ch. Supervision finale de l'article : Xavier Gruffat (pharmacien). Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

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