Les antirétroviraux réduisent le risque de transmission du sida


WASHINGTON / PARISTraiter au plus tôt des personnes séropositives avec des antirétroviraux réduit de 96% le risque de transmission du virus VIH à leurs partenaires séronégatifs. C'est ce qu'indiquent les résultats d'un premier essai clinique international publié jeudi.

Des hommes et femmes contaminés par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), responsable du sida, prenant assez tôt des antirétroviraux, réduisent de 96% le risque d'infecter un partenaire sexuel sain, montre l'essai.

"C'est une excellente nouvelle", souligne le Dr Myron Cohen, de l'Université de Caroline du Nord (sud-est), qui a dirigé l'essai, baptisé HPTN 052.

"Cet essai clinique montre de façon convaincante que traiter des séropositifs avec des antirétroviraux au plus tôt peut avoir un impact majeur pour réduire la transmission du VIH", s'est félicité le Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses aux Etats-Unis.

Son organisme a financé l'essai clinique, mené avec 1763 couples sérodifférents (une personne séropositive une personne séronégative) dans neuf pays dont l'Afrique du Sud, l'Inde, le Brésil et les Etats-Unis, qui a mené à ces conclusions.

Traitement précoce

Certains séropositifs ont été traités de façon très précoce, d'autres alors que leur compte de CD4 (les cellules de l'immunité) était descendu en dessous de 350. Les chercheurs ont comparé les deux groupes. Dans le groupe traité de façon précoce, il y avait un cas de transmission, et 27 dans l'autre.

En commençant un traitement à base d'antirétroviraux immédiatement, au lieu d'attendre que la maladie ne progresse, l'étude a montré une réduction de 96% de la transmission du VIH d'une personne infectée par le virus vers un partenaire séronégatif.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Onusida se sont réjouies de ces résultats. "Cette percée scientifique change considérablement la donne et assurera l'avancement de la révolution de la prévention. Elle place le traitement anti-VIH au rang des nouvelles options de prévention prioritaires", a déclaré Michel Sidibé, directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (Onusida).

Selon le Dr Wafaa el-Sadr, professeur de médecine à l'Université Columbia de New York et membre du groupe ayant mené l'essai, celui-ci "sera toujours considéré comme une étude phare qui pourrait bouleverser mondialement le traitement et la prévention du VIH".

Résultats plus tôt que prévus

Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS), a estimé jeudi que le nouvel essai montrant qu'un traitement anti-VIH empêche la transmission du virus constituait "une étape vraiment importante" dans la lutte contre le sida.

"On devait avoir les résultats de cet essai dans trois ans, mais un comité indépendant a regardé les résultats il y a quatre jours : ils ont été tellement surpris par la puissance de cet essai qu'ils ont décidé de l'arrêter, ce qui est rare dans les grands essais internationaux", a souligné le Dr. Delfraissy à l'AFP.

Il relève cependant que ces résultats interviennent dans des couples sérodifférents, et qu'"on ne peut pas généraliser ces résultats à la population générale", notamment chez des patients séropositifs "qui ont de nombreux partenaires et n'ont pas la même constance à prendre leur traitement".

Intuition suisse

Il note encore qu'il n'y a "pas les moyens de traiter tout le monde", et aussi qu'"il ne faut pas opposer les traitements antirétroviraux aux autres méthodes de prévention : on est dans l'ère de la prévention combinée".

Il remarque enfin que ce résultat "conforte" la position du Pr suisse Bernard Hirschel, qui, en janvier 2008, avait été "précurseur dans l'idée même que cette stratégie pouvait être intéressante alors même qu'il n'en avait pas la preuve scientifique".

Le professeur Hirschel, responsable de l'unité VIH aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) s'est réjoui "d'un essai qui a donné une réponse claire et pas surpenante". A la TSR, il a déclaré jeudi soir que "le traitement diminue le risque de contagion".

Source : ATS 12.05.2011

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