Les médecins craignent une diminution de la liberté thérapeutique


BERNE - Une forte majorité des médecins affichent leur scepticisme face à l'introduction, depuis le début de l'année, du nouveau financement hospitalier. Ils craignent surtout que leur liberté thérapeutique et la qualité des soins diminuent, même si la plupart des sondés connaissent peu le système des forfaits par cas.

Seul 1% des médecins interrogés l'été dernier estimaient que ce changement allait améliorer leur liberté thérapeutique, contre 66% d'avis négatifs, selon une enquête de l'institut gfs.bern mandatée par la Fédération des médecins suisses (FMH) publiée mercredi. Et 12% jugent que la nouvelle structure tarifaire n'aura aucune influence, alors que 21% n'en savent rien ou n'ont pas d'opinion.

Les facteurs non médicaux, comme la gestion économique des ressources, ne doivent pas "primer sur la décision thérapeutique ou sur le bien du patient", préviennent les auteurs de l'étude dans le dernier bulletin de la FMH.

Transparence

Concernant la qualité des soins, 59% des sondés s'attendent à ce qu'elle pâtisse de ce changement. A l'inverse, 3% prévoient une amélioration et 18% pensent que rien ne changera, contre 21% qui ne peuvent pas anticiper la question ou n'ont pas répondu.

Les avis sont un peu plus positifs concernant la transparence des traitements : 20% des médecins interrogés jugent qu'elle augmentera, alors que 27% craignent une influence négative du nouveau système et 27% prévoient le statu quo.

Moins de sorties prématurées

De manière générale, la majorité des médecins hospitaliers (60%) se montrent critiques envers l'introduction du système des forfaits par cas(SwissDRG). La FMH constate cependant que leur évaluation repose souvent sur des connaissances limitées, puisque seuls 21% déclarent connaître très bien ou plutôt bien le nouveau système.

Les thérapeutes redoutent aussi que les patients soient renvoyés trop tôt de l'hôpital pour des motifs économiques. Toutefois, les médecins qui utilisent déjà le nouveau système déclarent que les réhospitalisations, par exemple suite à des sorties prématurées, sont dans l'ensemble peu fréquentes et même moins nombreuses.

Interrogé par l'ats, l'institut gfs.bern n'était pas en mesure de préciser combien des 1193 médecins hospitaliers sondés avaient déjà adopté la nouvelle structure tarifaire lors de l'enquête.

Bureaucratie

Les sondés craignent aussi que le changement entraîne une hausse des charges administratives. Mais l'étude montre que quel que soit le système tarifaire, les médecins ont passé plus de temps à documenter les prestations ces dernières années.

Par contre, 53% des médecins pensent que la collaboration avec les caisses maladie sera moins bonne. Seuls 6% s'attendent à des améliorations et 12% ne prévoient aucune modification. Le travail avec les autres médecins ne devrait en revanche pas changer, de l'avis de 47% des personnes interrogées.

Information

Face à l'augmentation des questions d'ordre économiques auxquelles sont confrontées les médecins, la FMH entend les aider à y voir plus clair. Elle va mettre sur pied diverses présentations et formations continues pour améliorer les connaissances des médecins en matière de facturation.

L'enquête a été menée entre juin et août. La marge d'erreur est de 2,9%. L'institut gfs.bern réalisera une deuxième étude dans une année pour déterminer si les craintes des médecins se sont vérifiées.

Le système des forfaits par cas est entré en vigueur le 1er janvier. Il détermine le prix d'un séjour hospitalier en fonction de la pathologie concernée.


ATS, 04 janvier 2012

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