Médecine - Activer les médicaments dans le corps grâce à la lumière
VILLIGEN AG - Des chercheurs de l'Institut Paul Scherrer (PSI) à Villigen (AG) ont pour la première fois filmé comment un médicament peut être activé dans le corps par la lumière. Ces travaux, publiés dans la revue Nature Communications, pourraient donner une impulsion décisive à la photo-pharmacologie, discipline qui cherche à développer des principes actifs photosensibles.
Les médicaments de ce type sont équipés d’un interrupteur sensible à la lumière. Le principe actif n’est activé par une impulsion lumineuse que lorsqu’il a été arrivé à l’endroit où il doit agir dans l’organisme. Et une fois sa tâche accomplie, il peut être à nouveau désactivé par une autre impulsion lumineuse.
Ceci permet de limiter les éventuels effets indésirables et de réduire l’apparition de résistances, par exemple aux antibiotiques, a indiqué lundi le PSI dans un communiqué.
Pour leur étude, Maximilian Wranik et Jörg Standfuss ont utilisé le principe actif combrétastatine A-4 (CA4), testé actuellement comme médicament contre le cancer dans des études cliniques. La molécule CA4 a été modifiée et complétée par un pont composé de deux atomes d’azote qui la rend particulièrement photosensible.
Ces processus se jouent en l’espace de quelques millisecondes au niveau atomique. Pour les observer, les chercheurs ont utilisé la Source de Lumière Suisse SLS et le laser à rayons X à électrons libres suisse SwissFEL. Ces installations permettent non seulement de réaliser des clichés individuels à des échelles de temps et de taille minuscules, mais les images obtenues peuvent aussi être montées pour créer un film.
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Traitements plus efficaces
"Nous avons fait neuf clichés entre une nanoseconde et 100 millisecondes après la désactivation du principe actif", indique Jörg Standfuss, chef du projet, cité dans le communiqué. C’est dans cet intervalle de temps que se jouent les processus importants du point de vue photo-biologique.
Le fait de pouvoir filmer des principes actifs en fonctionnement ouvre la possibilité d’acquérir de nombreuses connaissances importantes dans le domaine de la médecine. "Si nous savons comment la molécule se comporte, nous pouvons adapter la chimie", a précisé le chercheur à Keystone-ATS.
Cette nouvelle méthode devrait permettrait de visualiser d’autres principes actifs et de développer des traitements plus efficaces contre les maladies les plus diverses, conclut le PSI.
Le 20 février 2023. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).