Traitements ambulatoires et médicaments font exploser les dépenses
BERNE - Les dépenses de l'assurance maladie de base ont augmenté de 6,9 milliards de francs entre 1998 et 2010. L'explosion des traitements ambulatoires et la hausse des prix des médicaments en sont la première cause. Davantage que l'augmentation et le vieillissement de la population.
Les coûts nets à la charge de l'assurance maladie sont passés en douze ans de 11,8 à 18,7 milliards de francs, soit une hausse de 3,9%par an. Répartis par assuré, ces frais ont augmenté de 1641 francs à 2399 francs (+3,2% par an), précise une étude publiée mardi par l'Observatoire suisse de la santé.
Le facteur démographique n'explique qu'un cinquième de cette progression. Les raisons principales sont à chercher ailleurs: augmentation du nombre de consultations par assuré, transfert de prestations stationnaires hospitalières et en établissements médico-sociaux (EMS) vers les soins ambulatoires, substitution des cabinets de premier recours par l'ambulatoire hospitalier.
Prévisions à la hausse
Le progrès médical ainsi que la qualité des prestations jouent aussi un rôle déterminant, selon les auteurs. Et de prédire que la demande en soins continuera de progresser, pour des raisons démographiques mais aussi à cause des maladies chroniques et des cas mêlant plusieurs affections.
De plus, les habitudes des patients changent: ils souhaitent toujours plus une prise en charge globale, par exemple par des centres de santé. Enfin, de nombreuses innovations thérapeutiques sont encore attendues dans les prochaines décennies, qui amélioreront la qualité des soins mais coûteront aussi plus cher.
Médicaments chers
De 1998 à 2010, le secteur qui a affiché la plus forte hausse et celui des médicaments et du matériel. Les coûts nets totaux ont augmenté en moyenne de 4,9% par an. Par assuré, la progression affiche 3,7%, avec des disparités cantonales. Elle est comprise entre 2,4% (TI) et 4,9% (AR).
Soleure et Bâle-Ville ont vu leurs coûts nets par assuré augmenter au-dessus de la moyenne nationale tandis Berne s'est placé au-dessous. L'augmentation de la consommation joue un moindre rôle que la hausse des prix des médicaments existants et l'arrivée sur le marché de produits de plus en plus onéreux.
Toujours plus d'ambulatoire
Deuxième plus forte augmentation (4,2% par an): les soins ambulatoires. La progression est surtout importante pour les prestations infirmières (17,8%), les soins à domicile (7,8%) et l'ambulatoire hospitalier (5,8%).
Dans ce dernier cas, l'évolution est très différente d'un canton à l'autre entre une croissance annuelle moyenne de 1,4% dans le Jura et de 9,4% dans les Grisons. L'augmentation du nombre de consultations par assuré explique 88% de cette progression. Les patients se sont revanche moins tournés vers les médecins de premiers recours (-5,4%), ce qui explique une faible hausse de coûts (1,3%).
Hôpitaux: moins mais plus cher
Côté soins stationnaires, la croissance des coûts est moins forte du côté des EMS (2,8%) que de celui des hôpitaux universitaires (4,%) et des cliniques psychiatriques (3,9%). Les disparités cantonales observées dans les hôpitaux reflètent des choix politiques parfois différents(regroupements de sites, promotion des soins à domicile).
Neuchâtel et Vaud ont ainsi vu leurs coûts nets diminuer alors qu'ils explosent ailleurs comme à Berne. Dans ce dernier cas, le report de prestations des assurances complémentaires vers l'assurance de base a joué un rôle important. La diminution des séjours hospitaliers n'a par ailleurs pas entraîné une réduction des coûts, les prestations étant plus nombreuses et les traitements plus onéreux.
Comme douze auparavant, Genève et Bâle-Ville comptent parmi les cantons qui affichent les plus forts coûts par assuré alors que Appenzell Rhodes-Intérieures et Nidwald restent en bas du classement. Si les soins stationnaires ne coûtent pas beaucoup à Genève ou dans le canton de Vaud, ils sont compensés par des dépenses supérieures à la moyenne dans les soins ambulatoires.
ATS, 10 juillet 2012