Dans 8 mois du cannabis en vente en pharmacie
MONTEVIDEO - Le gouvernement uruguayen a enfin choisi les deux entreprises privées, Simbiosis et Iccorp, qui vont être responsables pour la production du cannabis. La vente dans les pharmacies est prévue dans 8 mois, selon le gouvernement. Comme Pharmapro.ch en avait déjà parlé, le gouvernement uruguayen avait pris la décision fin 2013 d'autoriser la culture, la vente et l'usage de cannabis. Ce pays est devenu le premier Etat au monde à en contrôler la production et la consommation. L'Uruguay est un petit pays d'Amérique du sud d'environ 3 millions d'habitants situé entre deux grands pays, le Brésil et l'Argentine.
Ces 2 entreprises autorisées par le gouvernement pourront produire chacune jusqu'à 2 tonnes de cannabis par année. L'investissement prévu pour chaque entreprise sera de l'ordre de 600'000 à 800'000 dollars (USD). La culture du cannabis va s'effectuer dans la banlieue de la capitale, Montevideo, sur un terrain mis à disposition par l'Etat de 20 hectares (environ 30 terrains de football). Le gouvernement devra se charger de la sécurité de cette culture.
Du retard
Le gouvernement uruguayen situé à gauche sur l'échiquier politique, sous la présidence de José Pepe Mujica de 2010 à début 2015, avait pris la décision de vendre le cannabis en pharmacie. L'actuel Président de l'Uruguay, Tabaré Vásquez, a continué sa mise en oeuvre. L'idée de base était de commencer à vendre le cannabis en pharmacie pendant l'année 2014 ou au début 2015, mais le gouvernement a affirmé qu'il avait eu besoin de plus de temps pour séléctionner les producteurs. C'est chose faite et la vente devrait donc commencer pendant le premier semestre de 2016.
Vente en pharmacie
La loi adoptée fin 2013 prévoit trois modes d'accès au produit: l'auto-culture, la culture dans des clubs de consommateurs et la vente en pharmacie, sous contrôle public (40 grammes maximum par mois). Toute publicité sera interdite et les cultivateurs ou consommateurs, des résidents obligatoirement majeurs, devront s'inscrire sur un registre national.
L'objectif de cette vente par l'Etat du cannabis est de priver les narcotrafiquants d'une importante source de revenus, alors que la lutte contre le trafic de drogue coûte environ 60 millions d'euros (73 millions de francs, données de 2013) par an au pays. L'ojbectif est aussi de limiter les risques liés à la consommation du cannabis et à détourner ses amateurs des dealers et des drogues dures.
Analyse, idée pour la Suisse ?
Alors qu'une grande chaîne de pharmacie américaine (CVS) avait procédé en 2014 au retrait de la vente de tous les produits de tabac de tous ses points de vente (plus de 7'500), l'Uruguay prend le chemin inverse en autorisant la vente en pharmacie d'un produit nocif pour la santé notamment lorsqu'il est fumé. Il nous semble que cette loi uruguayenne n'est pas une bonne idée pour la Suisse, car la pharmacie devrait être et rester un lieu de prévention.
Si le cannabis était vendu par exemple sous forme de gélule, indiqué notamment pour soigner certaines maladies, certains politiciens suisses pourraient s'y intéresser. Mais dans le cas uruguayen, l'objectif est véritablement de vendre du cannabis qui sera en grande partie fumé. Notons que d'autres régions du monde comme la Hollande ou le Colorado (Etat américain) ont aussi légalisé le cannabis, mais selon nos informations la commercialisation s'effectue dans des points de vente qui ne sont pas des pharmacies (ex. coffee shop).
Le 3 octobre 2015. Par Xavier Gruffat (pharmacien). Sources: Folha de S.Paulo (considéré comme le journal le plus influent du Brésil), ATS