Deux conseillers fédéraux s'attaquent aux résistances
BERNE - La Suisse va se doter d'un programme national de lutte contre les résistances aux antibiotiques d'ici 2015. Les conseillers fédéraux Alain Berset et Johann Schneider-Ammann ont chargé les offices responsables de la santé humaine et animale de coordonner leurs travaux afin de déboucher sur une stratégie commune.
La Suisse n'échappe pas à une progression de la résistance aux antibiotiques, médicaments pourtant essentiels pour lutter contre les infections bactériennes, ont signalé les Département fédéraux de l'intérieur et de l'économie dans un communiqué publié lundi.
Au niveau européen, la Suisse se situe dans la moyenne pour ce qui est de la résistance aux médicaments utilisés en médecine humaine. La situation est meilleure qu'en France, qu'en Italie, qu'en Grande-Bretagne et que dans les pays de l'Est et du Sud. Mais elle est moins bonne que dans les Etats scandinaves ou qu'aux Pays-Bas.
Dans le domaine vétérinaire, la position helvétique est relativement favorable en comparaison internationale. Mais l'augmentation de fréquence des résistances à certains groupes d'antibiotiques importants et des germes multirésistants inquiète les services fédéraux.
25'000 décès
D’après des estimations sanitaires datant de 2009, 25'000 personnes meurent chaque année, dans les pays de l’Union européenne, des suites d’une infection à bactéries résistantes ou multirésistantes. Les seuls chiffres disponibles en Suisse concernent les infections nosocomiales : environ 70'000 infections sont acquises dans les hôpitaux tous les ans, entraînant 2000 décès.
En ligne de mire particulièrement, les souches bactériennes MRSA (staphylocoque doré) sont les principaux agents pathogènes résistants responsables d’infections nosocomiales. Elles colonisent la peau d’environ 30 % des individus sans provoquer de maladie, mais peuvent entraîner des infections graves chez les personnes dont l’état de santé est affaibli.
Les bactéries de l’intestin (entérobactéries) qui produisent une enzyme capable d’inactiver un spectre élargi de bêta-lactamines font aussi l’objet d’une attention accrue. Ces dernières années, le nombre d’infections dues à des entérobactéries comme Escherichia coli et Klebsiella pneumoniae a considérablement augmenté dans le monde entier.
Généralement, ces bactéries occupent de manière inoffensive l’intestin de l’homme et des animaux. Toutefois, lors d’une intervention invasive ou chez les patients présentant une déficience immunitaire, elles peuvent provoquer des maladies telles que pneumonies, infections urinaires ou septicémies. Seuls quelques antibiotiques de réserve sont encore actifs contre elle.
Consommation à l'œil
La consommation d’antibiotiques par personne est relativement faible en Suisse par rapport à d’autres pays. En Europe, les Grecs sont les plus gros consommateurs, suivis des Français, des Italiens et des Belges. L’Allemagne, la Norvège et la Suède se trouvent à l'autre bout de l'échelle.
Le programme national devra définir des objectifs et des mesures à entreprendre dans la surveillance de l'antibiorésistance, le frein à la consommation d'antibiotiques ou leur utilisation adéquate, ainsi que la prévention des flambées de maladies causées par des germes résistants.
ATS, 08 juillet 2013