Les primes d'assurance-maladie décollent en Suisse, pas l'inflation


ZURICH - Les primes d'assurance-maladie, qui ne cessent d'augmenter, ne sont pas comprises dans le calcul de l'inflation en Suisse, bien qu'elles représentent une part substantielle des dépenses des ménages. Mais il existe d'autres instruments pour mesurer leur impact sur le pouvoir d'achat des Suisses.

L'augmentation moyenne des primes d'assurance-maladie doit avoisiner 7% en 2025, d'après les prévisions du portail de comparaison bonus.ch. Les assurés avaient déjà subi une hausse moyenne de 6,6% en 2023 et de 7,8% en 2024.

Selon le site Comparis.ch, les primes actuelles (assurance de base et franchise maximale) pour une famille de quatre personnes résidant à Lausanne varient de 991 francs à 1766 francs par mois.

Ces lourdes dépenses ne sont pas comprises dans le calcul de l'indice d'inflation et donc exclues de l'indexation des rentes, des salaires et des pensions alimentaires. Les frais obligatoires représentent pourtant 40% des coûts des ménages, comparé à 60% pour les dépenses de consommation.

L'indice des prix à la consommation (IPC), dénomination officielle de l'inflation, "n'est pas un indice du coût de la vie, car il ne prend pas en compte les dépenses obligatoires comme les charges sociales, les impôts et les primes d'assurance-maladie. Ces dépenses ne sont pas de la consommation, mais des transferts", explique Corinne Becker Vermeulen, cheffe de section prix à l'Office fédéral de la statistique (OFS).

Il existe pourtant un sous-indice "Santé" dans l'IPC, qui prend en compte les prestations médicales et hospitalières, les frais de dentiste, de médicaments et d'appareils thérapeutiques, mais pas les primes. Ces dernières sont reflétées dans le calcul du poids de l'indice Santé (avec 15% il représente le 2e poste de dépenses des ménages), mais pas dans l'indice de variation de l'IPC.

"On ne peut pas changer l'IPC qui est un indice de consommation, alors que les gens voudraient un indice du coût de la vie", poursuit Mme Becker Vermeulen.

Pour estimer la charge des primes pour les ménages, l'OFS publie un indice des primes d'assurance-maladie (Ipam) et met à disposition une calculatrice individuelle.

En 2023, l'Ipam a progressé de 3,9%. La hausse des primes enregistrée l'année dernière a ainsi ralenti la croissance du revenu disponible moyen de 0,4 point.


Sujet "très concret"

Face à la hausse du coût de la vie en Suisse, la faîtière des salariés Travail.Suisse exige une augmentation des revenus de 4% pour 2025, "surtout dans les secteurs où il n'y a pas eu d'ajustement salarial ou très peu", souligne auprès d'AWP Thomas Bauer, responsable de la politique économique chez Travail.Suisse.

"Les primes d'assurance-maladie sont bien sûr l'un des grands thèmes de l'augmentation du coût de la vie. Si l'on ne tient compte que du renchérissement de la consommation pour l'évolution des salaires, le revenu disponible des travailleurs diminue nettement. Mais si l'on tient également compte de l'évolution de la productivité, les salaires devraient augmenter à long terme d'environ un point de pourcentage de plus que le renchérissement de la consommation. Cela permettrait notamment, mais pas uniquement, de payer les coûts supplémentaires des primes d'assurance-maladie", souligne M. Bauer.

Selon ce dernier, "dans les négociations menées par les syndicats, les primes d'assurance-maladie sont bien sûr aussi un thème très concret". "Les employeurs disent bien sûr que ce n'est pas à eux de faire en sorte que les primes d'assurance-maladie puissent être payées. Nous estimons toutefois qu'il est clair que les employeurs doivent également répercuter les gains de productivité sur les travailleurs, ce qui permet notamment de payer les primes d'assurance-maladie", insiste le responsable de la faîtière.

Le 27 novembre 2024. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

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