Médecine - Comment les infections fongiques provoquent une septicémie (étude)


BERNE - Des scientifiques de l’Université de Berne ont découvert un mécanisme qui permet à une levure de se propager plus facilement dans l’organisme, et ce grâce au système immunitaire. Ces travaux pourraient ouvrir de nouvelles pistes contre les septicémies dues à des infections fongiques.

En général, la levure Candida albicans est une colocataire inoffensive de nos muqueuses. Près de la moitié de la population est colonisée sans s’en apercevoir. Tant que le propre système immunitaire est intact, il tient aisément le champignon en échec, a indiqué jeudi l'alma mater bernoise dans un communiqué.

Néanmoins, les interventions chirurgicales par exemple peuvent favoriser la propagation de Candida albicans. Une fois que la levure se trouve dans la circulation sanguine, elle peut provoquer une septicémie, mortelle dans 30% à 50% des cas.

La réponse naturelle du système immunitaire est une réaction inflammatoire. Un système de contrôle veille à ce que seuls les intrus soient combattus, sans attaquer simultanément les tissus sains.

Une protéine spécifique, appelée antagoniste du récepteur de l’interleukine 1 (IL-1Ra), joue un rôle crucial dans ce processus. Cette protéine est l’adversaire naturel de l’interleukine 1, un messager qui favorise les inflammations. Elle empêche ce dernier de dépasser son but et d’être à l’origine de réactions inflammatoires incontrôlées.

Or l'équipe de Stefan Freigang, à l’Institut de pathologie de l’Université de Berne, vient de découvrir que l'IL-1Ra contribue, malgré sa fonction anti-inflammatoire, à favoriser la propagation de Candida albicans.


Défenses perturbées

Chez la souris, les scientifiques ont pu montrer que la quantité de ces protéines anti-inflammatoires augmentait dans les cellules phagocytaires lorsque Candida albicans pénétrait dans la circulation sanguine et qu’elles perturbaient par la suite les défenses immunitaires. Elles inhibaient notamment la production et la dispersion des neutrophiles, un sous-groupe de globules blancs.

Les neutrophiles constituent une barrière précoce importante contre les infections, en patrouillant régulièrement à travers les vaisseaux sanguins afin d’éliminer les agents pathogènes qui y ont pénétré.

Ainsi, si moins de protéines anti-inflammatoires sont produites, les neutrophiles, qui constituent la première ligne de défense, peuvent tranquillement faire leur travail. Mais, si les protéines sont produites par les cellules phagocytaires, cela affaiblit les défenses immunitaires.

Ces résultats pourraient permettre dans le futur de nouvelles approches thérapeutiques. Dans une étape suivante, les scientifiques souhaitent confirmer les observations faites sur le modèle de souris à l'aide d'échantillons prélevés sur des humains. Ces travaux sont publiés dans la revue Immunity.

Le 31 août 2023. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

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