Grossesse et obésité : de petites molécules qui protègent du diabète
 LAUSANNE - Des chercheurs lausannois ont découvert un nouvel angle d'attaque contre le diabète gestationnel chez la femme enceinte et le diabète sucré chez les individus obèses. Ils ont mis en évidence le rôle des microARNs dans l'adaptation de l'organisme et la sécrétion d'insuline.
LAUSANNE - Des chercheurs lausannois ont découvert un nouvel angle d'attaque contre le diabète gestationnel chez la femme enceinte et le diabète sucré chez les individus obèses. Ils ont mis en évidence le rôle des microARNs dans l'adaptation de l'organisme et la sécrétion d'insuline.
Grossesse et obésité sont communément associées à une perte de sensibilité à l'insuline des muscles, du foie et du tissu adipeux. Les besoins accrus en insuline qui en résultent sont normalement compensés par une expansion de la masse des cellules bêta du pancréas et une augmentation de leur capacité à sécréter de l'insuline.
Parfois, ces phénomènes compensatoires sont déficients, et l'insuline produite devient insuffisante pour couvrir les besoins de l'organisme, débouchant sur un diabète gestationnel ou un diabète de type 2. A ce jour, le décryptage des voies de signalisation induisant ces processus daptatifs est encore incomplet, a indiqué l'Université de Lausanne (UNIL) dans un communiqué.
Molécules d'ARN
L'équipe du Pr Romano Regazzi, du Département des neurosciences fondamentales de l'UNIL, en collaboration avec plusieurs groupes de recherche dont celui du Pr Bernard Thorens, du Centre intégratif de génomique, s'est intéressée au rôle joué par une nouvelle classe de régulateurs de l'expression génique, les microARNs, dans le contrôle des fonctions des cellules bêta.
Ces petites molécules d'ARN (acide ribonucléique), qui agissent en se liant à des ARN messagers, sont des acteurs-clés dans de nombreux processus physiologiques et pathologiques. "Nous avons découvert que l'expansion de la masse des cellules bêta au cours de la grossesse est associée à des changements d'expression de plusieurs microARNs", indique le Pr Regazzi, cité dans un communiqué de l'UNIL.
"Nous avons identifié un microARN en particulier dont les niveaux d'expression sont diminués non seulement dans les îlots de rates en gestation, mais aussi chez des souris obèses qui présentent une augmentation de la masse des cellules bêta", ajoute le spécialiste.
Outils thérapeutiques
Les scientifiques ont également pu démontrer que des molécules inhibitrices spécifiques aux microARNs permettent d'augmenter le nombre de cellules bêta aussi bien in vitro qu'in vivo et de favoriser leur survie, tout en préservant leur capacité à sécréter de l'insuline.
Ces résultats, publiés dans le "Journal of Clinical Investigation", pourraient ouvrir la voie à de nouveaux outils thérapeutiques. Un problème reste cependant à résoudre, comment diriger les microARNs inhibiteurs vers les bonnes cellules. "Lorsque cela sera résolu, la croissance de différents types de cellules pourra vraisemblablement être modulée de cette manière", a précisé le Pr Regazzi à l'ats. Et notamment celle des cellules cancéreuses.
ATS, 11 septembre 2012
