L'information des jeunes sur le papillomavirus laisse à désirer


LAUSANNE - Cinq ans après l'introduction des campagnes de vaccination des jeunes filles contre le papillomavirus humain (HPV), une grande majorité des jeunes de 16 à 20 ans en a entendu parler. Néanmoins, de fausses croyances persistent et plus de 80% d'entre eux ne savent pas que cette infection sexuellement transmissible concerne aussi les hommes, selon une étude lausannoise.

Une centaine de jeunes - 79 femmes et 21 hommes - consultant à l'Unité multidisciplinaire de santé des adolescents (UMSA) du CHUV à Lausanne ont été interrogés début 2013. Résultats : 93% d'entre eux avaient entendu parler du HPV, 99% des filles et 71% des garçons, peut-on lire dans la dernière édition de la "Revue médicale suisse".

En outre, 88% connaissaient l'existence du vaccin, 96% des filles et 57% des garçons. Parmi les différents critères étudiés, le genre féminin est la seule variable influençant significativement la probabilité d'avoir déjà entendu parler du HPV, notent les chercheurs, qui constatent que les brochures explicatives s'adressent essentiellement aux jeunes filles et que "les garçons ont été en quelque sorte écartés de la campagne".

Il est "préoccupant de constater que 82% des jeunes interrogés pensent que le HPV infecte seulement les femmes", notent les scientifiques. Or les hommes peuvent être porteurs asymptomatiques de l'infection, la transmettre, voire développer eux-mêmes des lésions précancéreuses ou cancéreuses de la région anogénitale et oropharyngée.

La vaccination des hommes est ainsi recommandée dans certains pays comme l'Autriche, les Etats-Unis et l'Australie. Les futures campagnes de prévention devront donc également cibler les hommes et ne pas parler uniquement du lien entre vaccination et cancer du col de l'utérus, estiment les auteurs de ce sondage. Les modes de transmission et les moyens de prévention devront aussi être mieux décrits.

Information insuffisante

En effet, 70% des jeunes ont répondu qu'ils se sentaient insuffisamment informés au sujet du HPV. Il existe environ 130 types de papillomavirus humains dont une quarantaine infectent spécifiquement les muqueuses du système génital. Ces derniers sont classés en deux catégories selon leur potentiel oncogène.

Jusqu'à 80% de la population sexuellement active est infectée au moins une fois dans sa vie par un HPV. C'est l'infection sexuellement transmissible la plus fréquente, avec un pic d'incidence entre 16 et 25 ans. La plupart du temps, elle guérit spontanément. Du fait de la transmission cutanée du virus, le préservatif offre une protection limitée.

Deux vaccins existent sur le marché. La Confédération a lancé en 2008 un programme de vaccination gratuite des jeunes filles, qui été prolongé jusqu'en 2017. L'objectif est d'éviter 2000 cas de lésions précancéreuses, 160 cancers déclarés du col de l'utérus et 50 décès par an.


ATS, 13 juin 2014

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