La résistance aux antibiotiques pourrait prendre une tournure dramatique


LONDRES - Des experts britanniques tirent la sonnette d’alarme : si rien n’est fait, en l’an 2050 une personne pourrait mourir chaque 3 secondes dans le monde suite à la résistance aux antibiotiques de certaines souches bactériennes.

Déjà en 2016, ce problème est sérieux avec environ 700'000 décès par année à cause de résistance aux antibiotiques. Aux États-Unis, pays dans lequel on dispose de statistiques sérieuses, le nombre de décès provoqués par des résistances aux antibiotiques en 2013 était supérieur au nombre d’homicides commis chaque année dans ce pays. En Europe, la BBC estimait dans un article publié en juillet 2014, à 25'000 le nombre de morts à cause de résistances aux antibiotiques. Des chiffres comparables aux États-Unis.

Projection dramatique

Ce que les scientifiques britanniques relèvent dans leur travail est que le nombre de personnes mourant chaque année suite aux résistances aux antibiotiques pourrait être multiplié par plus de 10 d’ici 2050, en s’élevant à environ 10 millions de décès par année d’ici 35 ans. Malgré une population mondiale qui ne va de loin pas être multiplié par 10 ou plus d’ici 2050. Ces chiffres proviennent d’un rapport remis au Premier Ministre britannique le jeudi 19 mai 2016.

Par comparaison, 10 millions de décès en 2050 représentent davantage de morts que le nombre de morts suite à un cancer la même année.

Financièrement, les conséquences de l’augmentation des cas de résistance aux antibiotiques pourraient s’élever à la somme totale de 100 milliards de dollars pendant les 35 prochaines années, toujours selon ce rapport.

Plan d’action global

Afin que ce scénario ne devienne pas réalité, les experts recommandent d’adopter un plan d’action global pour améliorer la situation.

Détails du plan

Une mesure urgente avancée par les experts britanniques consiste à effectuer une campagne globale pour bien expliquer les risques de l’augmentation de la résistance aux antibiotiques. À la prochaine réunion annuelle de l’ONU à New York, prévue comme chaque année en septembre, les spécialistes aimeraient pouvoir mieux informer les leaders politiques mondiaux de cette problématique.

Un autre aspect également fondamental consiste à favoriser le développement de nouveaux antibiotiques et notamment de nouvelles classes d’antibiotiques. Il faut savoir que l’industrie pharmaceutique n’est en général pas très enthousiaste pour investir beaucoup d’argent dans la recherche de nouveaux antibiotiques. Cette industrie préfère développer des médicaments qui doivent être pris sur une très longue période, souvent à vie, car ces médicaments sont bien plus rentables. Les antibiotiques qui sont pris en sur une courte durée n’offrent souvent pas un retour sur investissements (ROI en anglais) très élevé.

1 milliard de dollars

Pour résoudre ce dilemme, les experts britanniques recommandent la création d’une commission sous la direction du Lord Jim O'Neill qui offrira 1 milliard de dollars à la mise sur le marché de tout nouvel antibiotique innovant.

Un autre moyen recommandé consiste à limiter l’usage inutile d’antibiotiques en médecine humaine et animale. On sait par exemple que certaines maladies comme la sinusite sont souvent d’origine virale, dans ce cas, les antibiotiques sont inutiles comme ils agissent seulement sur les bactéries. Un autre moyen qui concerne les pays en voie de développement consiste à améliorer les mesures d’hygiène afin de prévenir le développement de maladies infectieuses.

Sources de financement

Les chercheurs britanniques évaluent les coûts de ces mesures à 40 milliards de dollars pour les 10 prochaines années. Les sources de financement pourraient provenir d’un « tout petit » pourcentage pris sur les budgets de santé des 20 pays les plus industrialisés au monde (G20) ou à travers un impôt payé par les industriels de la pharmacie qui ne participeraient pas à la recherche de nouveaux antibiotiques.

Le 25 mai 2016. Par Xavier Gruffat. Sources : ATS (avec notre site partenaire pharmapro.ch).

Les dernières news

Inscrivez-vous à notre newsletter gratuite du vendredi