Les pharmas critiquent la baisse des prix des médicaments en Suisse


BERNE - L'écart de prix des médicaments brevetés continue de baisser entre la Suisse et l'étranger, passant à 5% en 2013 contre 12% l'année précédente. Un constat qui ne réjouit pas les entreprises pharmaceutiques. Les génériques coûtent par contre toujours presque deux fois plus cher en Suisse qu'à l'étranger.

Tel est le résultat de la comparaison annuelle présentée jeudi à Berne par la branche pharmaceutique et les assureurs maladie. Les critiques de la branche pharmaceutique portent avant tout sur le nivellement par le bas des prix des médicaments brevetés en Suisse, une conséquence directe des baisses de prix annoncées par le Conseil fédéral en novembre 2012 et 2013, selon Thomas Cueni, secrétaire général d'Interpharma.

"Un ajustement continu des prix suisses sur les prix pratiqués à l'étranger n'est pas souhaitable pour nous. Cela risque de compromettre la qualité de notre système de santé", a poursuivi jeudi devant la presse Thomas Binder, directeur de vips, association qui représente 70% des entreprises de la branche pharmaceutique.

"Nous craignons que l'accès rapide des patients aux nouveaux médicaments ne soit plus assuré avec ce nivellement des prix par le bas", ajoute Thomas Binder.

Augmenter la part des génériques

Autre son de cloche du côté de santésuisse : "Nous sommes dans la bonne direction en ce qui concerne les prix des médicaments brevetés", selon Verena Nold, directrice de l'organisation des assureurs suisses.

"Les prix devraient continuer à baisser en 2014, nous y voyons un potentiel pour faire des économies", ajoute la directrice, qui ne cache pas son objectif de faire baisser les primes.

"Nous nous faisons par contre du souci concernant les génériques, qui sont encore beaucoup trop chers", avertit Verena Nold. La différence de prix est en moyenne de 46% par rapport aux six pays de comparaison.

"Les prix des médicaments sont clairement plus bas dans les pays où les génériques sont plus largement répandus. Il faut donc viser une augmentation des parts de marché des génériques en Suisse", poursuit la directrice de santésuisse, qui rappelle que c'est une demande répétée des assureurs. En Suisse, cette part atteint 20% du marché, alors qu'elle est proche de 60% en Allemagne ou aux Pays-Bas.

Prendre en compte l'utilité des médicaments

Les assureurs et les "pharmas" se montrent en revanche unis sur le fait qu'un nouveau système de fixation des prix doit être mis en place encore en 2014. Les acteurs s'accordent également sur l'importance d'atteindre un compromis satisfaisant les différentes parties, mais les propositions pour y parvenir diffèrent.

Le prix du médicament ne devrait plus être uniquement basé sur la comparaison avec les prix pratiqués à l'étranger. "A partir de 2015, l'utilité des médicaments doit être prise en compte lors de l'établissement des prix", demande Thomas Cueni. Une notion également défendue par Thomas Binder.

"Il faudrait également introduire une symétrie des prix, qui permettrait à l'Office fédéral de la santé publique de décider non seulement de baisses, mais également de hausses de prix", propose encore le directeur de vips.

La représentante des assureurs demande de son côté que les baisses prévues d'ici 2015 soient mises en oeuvre. Mais des solutions solides et durables ne sont pas faciles à trouver, reconnaît-elle. "Il s'agit avant tout d'une question politique", abonde Thomas Cueni.

Nouveau système en discussion

Depuis quelques années, le Conseil fédéral passe à la loupe le prix des médicaments et les compare avec ceux pratiqués à l'étranger. En novembre 2012, il avait retiré le critère de comparaison thérapeutique, contre la volonté de la branche pharmaceutique. Parallèlement, il avait annoncé une nouvelle baisse des prix.

Un nouveau système est actuellement en discussion. Il continuera de se baser sur la comparaison avec l'étranger, mais réintroduira la comparaison thérapeutique. Les "pharmas" s'en réjouissent, car à leurs yeux, la seule comparaison des prix n'est pas assez fiable, puisqu'ils sont soumis entre autres aux fluctuations des taux de change.

Cinquième comparaison

L'étude présentée mardi est la cinquième de ce type réalisée conjointement par les assureurs et les entreprises pharmaceutiques. Pour les produits brevetés, un panier type contenant 155 médicaments a été établi sur la base des 200 articles les plus vendus. Les six pays de comparaison sont l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, la France, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas.


ATS, 13 février 2014

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