Pharmacie - Pénuries de médicaments : le surcoût des ventes fractionnées divise


ZURICH - Les surcoûts induits par la vente fractionnée de certains médicaments génèrent des frictions entre assureurs et pharmaciens suisses. Préconisée depuis mars 2023 par un groupe de travail dédié pour atténuer l'impact des difficultés d'approvisionnement, la mesure autorise et encadre en effet la facturation par les apothicaires des opérations de manutention additionnelles.

La liste actualisée mensuellement des médicaments pouvant être reconditionnés sur le site de l'Office fédéral pour l'approvisionnement économique du pays (Ofae) comprend en juin cinq antibiotiques et quatre analgésiques opioïdes.

Santésuisse a déjà sorti le boulier a plusieurs reprises depuis le début du printemps. La faîtière des assureurs-maladie calcule désormais des surcoûts compris entre 23 et 54 millions de francs depuis le lancement de cette mesure, en fonction du fractionnement par deux, trois ou quatre des emballages actuellement concernés.

Amoindrissement contesté du volume total

Interrogée par l'agence AWP sur sa méthodologie, l'organisation reconnaît avoir exclu de son équation toute économie liée à un volume de distribution ajusté au besoin du patient. "Les éventuelles économies liées à la remise fractionnée ne sont que pure hypothèse et marginales," a asséné un porte-parole.

Plus mesurée, la faîtière concurrente Curafutura ne s'est pas avancée sur le terrain des estimations chiffrées, considérant toutefois aussi que "la remise en quantités fractionnées de médicaments connaissant des problèmes de livraison devrait entraîner des surcoûts inutiles, puisque la rémunération du pharmacien a été multipliée par deux". Ces surcoûts seront vraisemblablement limités par le fait que le nombre de médicaments concernés par la mesure de l'Ofae est restreint, reconnaît Curafutura.

La Société suisse des pharmaciens (Pharmasuisse) s'insurge de son côté contre ce qu'elle estime être une campagne de dénigrement. La vente fractionnée exclut notamment les emballages destinés à traiter des malades chroniques, qui utilisent par définition l'intégralité des préparations qui leur sont prescrites.

"Les extrapolations de Santésuisse de 32 millions de recettes supplémentaires pour la remise d'un million d'emballages sont à ce titre totalement fantaisistes et irrespectueuses," dénonce Pharmasuisse dans une prise de position.

Eviter le gaspillage

Rappelant que tout travail mérite salaire, l'association assure en outre que le surcoût accordé aux pharmaciens pour fractionner et étiqueter des emballages est certainement plus avantageux que de distribuer des emballages complets dont seule une partie sera effectivement utilisée.

Les deux faîtières des caisses-maladie soulignent ne pas être opposées sur le principe à une mesure avant tout destinée à maintenir pour le patient l'accès à certains médicaments dont la disponibilité s'avère critique. Mais elles appellent à revoir la base de calcul spéciale établie en mars par l'Office fédéral de la santé publique (Ofsp), au nom de la lutte contre l'augmentation des coûts de la santé.

La motion parlementaire pour un plafonnement des salaires des patrons de caisses-maladie à 250'000 francs, balayée début juin par le Conseil des Etats, ne figurait pas dans l'éventail des options recommandées pour abaisser les dépenses du secteur.

Le 12 Juin 2023. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

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