Prix des médicaments : baisse prévue - L'industrie pharmaceutique inquiète
BERNE - Quelque 555 médicaments verront leurs prix baisser dès le 1er novembre, de l'ordre de 8% en moyenne. Et en vertu d'un nouveau système, les prix de l'ensemble des plus de 8000 produits remboursés par l'assurance de base seront adaptés au taux de change d'ici 2015.
L'adaptation des 555 emballages de médicaments cette année répond encore à l'ancien système. Les produits en cours d'examen ont été inscrits en 2008 sur la liste des spécialités remboursées, avec un prix basé sur un taux de change compris entre 1,45 et 1,5 franc pour un euro. Ils sont en cours d'examen auprès de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP).
Le nouveau taux pris en compte est de 1,3 franc pour un euro, a précisé mardi à l'ats Mona Neidhart, porte-parole à l'OFSP confirmant une information du quotidien "Le Temps". Calculé sur la base d'une moyenne des 12 derniers mois pour éviter des valeurs extrêmes, ce taux reste encore favorable pour les entreprises pharmaceutiques par rapport au taux actuel de 1,16.
Dans la fixation des nouveaux prix, l'OFSP tient également compte de l'efficacité et de l'économicité des produits, mais ces critères pèsent nettement moins que le taux de change. A l'avenir, les plus de 8000 emballages verront leurs prix changer tous les trois ans. Chaque année un tiers d'entre eux seront examinés par l'OFSP.
Un tel ajustement dans le temps permet de répartir la charge entre les différents intermédiaires. L'impact de la hausse est ainsi réduit pour chacun, relève pour sa part Josef Hunkeler, spécialiste des médicaments à la Surveillance des prix. Cela permet aussi d'étaler dans le temps le travail pour l'OFSP, ajoute-t-il.
Pharma inquiète
Déjà secouée depuis plus d'une année par un taux de change défavorable, en particulier à l'exportation, l'industrie pharmaceutique accueille avec inquiétude de nouvelles adaptations. D'autant que pour la première fois depuis que les données du marché sont collectées, elle a fait face à une baisse du chiffre d'affaires des ventes de médicaments en Suisse en 2010. Il a reculé de 1,3%, à 4,82 milliards de francs.
Dans son bilan présenté au début de l'année, elle faisait valoir que la liste de référence pour l'assurance obligatoire a fait l'objet de 7000 réductions de prix entre 2006 et 2010. Des baisses qui ont représenté des économies de 1,9 milliard de francs.
"La pharma a fourni ces cinq dernières années une contribution substantielle aux économies sur les coûts de la santé", notait alors Thomas Binder, directeur de l'Association des entreprises pharmaceutiques (vips). Mille pertes d'emplois seraient à mettre sur le compte de ce manque à gagner. Et ce dernier de craindre que, de 2011 à 2016, les économies puissent atteindre 650 millions de francs.
Moratoire
Dans "Le Matin dimanche" du week-end dernier, le CEO de Novartis Joe Jimenez se montrait encore plus pessimiste. "Le marché suisse va sans doute connaître une évolution négative pour la seconde année de suite. Si rien ne change, il pourrait chuter jusqu'à 10% en 2013", affirmait-il.
"Cela aurait des conséquences négatives sur l'ensemble de l'économie suisse qui seraient bien plus préjudiciables que le bénéfice escompté des sommes épargnées dans le secteur de la santé", ajoutait-il. Et M. Jimenez de demander que l'on renonce à adapter les prix jusqu'à une stabilisation de la situation sur le front monétaire.
Chez Interpharma, dont Novartis est membre, le moratoire n'est qu'une des possibilités envisagées. Rien n'est encore décidé, a dit Roland Schlumpf à l'ats. Un groupe de travail qui comprend des représentants de santésuisse étudie des solutions, dont certaines n'impliquent pas de modifications législatives, avec l'espoir que les cours de change évoluent dans le bon sens, a-t-il ajouté.
Du côté de la vips, il est également trop tôt pour parler de moratoire. De toute façon la question est de la compétence des autorités fédérales, précise un porte-parole.
Au moins attendre la mi-temps
Monsieur Prix ne veut quant à lui pas entendre parler de moratoire. Dans la "SonntagsZeitung", Stephan Meierhans relève que les consommateurs payent depuis longtemps les médicaments beaucoup trop cher en comparaison européenne.
"On vient de changer les règles; il faut au moins attendre la fin de la première mi-temps avant de réclamer leurs modifications", renchérit son collaborateur Josef Hunkeler, non sans évoquer les années durant lesquelles les taux constituant les prix des médicaments étaient plus favorables aux entreprises que le cours réel du change.
Source : ATS 26.07.2011