Recherche : Novartis mise sur Boston, sans éclipser Bâle
 NEW YORK - En 2002, Novartis mettait le cap sur les Etats-Unis: le pilotage de ses activités de recherche quittait Bâle direction Boston. Dix ans après, le groupe profite pleinement d'un environnement hors du commun et continue sur sa lancée. Bâle conserve aussi une position privilégiée.
NEW YORK - En 2002, Novartis mettait le cap sur les Etats-Unis: le pilotage de ses activités de recherche quittait Bâle direction Boston. Dix ans après, le groupe profite pleinement d'un environnement hors du commun et continue sur sa lancée. Bâle conserve aussi une position privilégiée.
Le géant pharmaceutique a mené son installation dans la région de Boston tambour battant. Il y emploie aujourd'hui 2000 personnes, dont 1600 chercheurs, et y occupe près de 100'000 mètres carrés de locaux.
Son principal bâtiment, une ancienne usine de bonbons des années 1920 transformée à grands frais, se dresse fièrement à quelques encablures de l'Université de Harvard et du Massachussetts Institute of Technology (MIT), véritable vitrine pour le groupe bâlois.
Réservoir de cerveaux
L'ambiance décontractée, les espaces vitrés aux contours design et les nombreux recoins invitant à une pause-café lui donnent un petit air de start-up branchée, bien loin de l'image stérile généralement renvoyée par les grands laboratoires.
Dans la féroce bataille que se livrent les entreprises pharmaceutiques dans le développement de nouveaux médicaments, le choix de Boston n'a rien d'étonnant. Le meilleur atout de l'agglomération bostonienne? Son réservoir de cerveaux. Le Grand Boston, une aire géographique comparable à la région Genève-Lausanne, compte 50 universités et plusieurs hôpitaux de pointe.
Mais ce n'est pas tout. "Boston est unique, un véritable 'écosystème de l'innovation' tel qu'il n'en existe quasiment pas en Europe. Il s'agit aussi d'un centre de compétences international dans le domaine des sciences de la vie", explique Pierre Dorsaz, directeur de projet à Swissnex, le consulat scientifique de Suisse de Boston.
A la chasse aux talents
"Boston est un endroit où l'on peut trouver des talents et vers lequel il est possible d'attirer des talents", constate Jeffrey Lockwood, responsable de la communication de Novartis pour le site. L'implantation de Novartis à Boston "a répondu à nos attentes et les a même dépassées", indique-t-il.
Un intérêt que les scientifiques du cru lui rendent bien. "Novartis est un employeur très en vue. Lors des événements de recrutement auxquels Swissnex participe, le stand de Novartis a souvent la plus longue queue de toute la manifestation", relève Pierre Dorsaz. 
Le groupe, qui avait évoqué en 2002 un investissement de 4 milliards de francs mais refuse désormais de préciser le montant de la facture de son installation à Boston, continue sur sa lancée.
La construction d'un nouveau bâtiment devisé à 600 millions de francs devrait bientôt démarrer pour s'achever en 2015. L'objectif de Novartis, qui prévoit la création de 300 emplois, est de voir sortir de terre un vrai campus, petit frère de celui dont il dispose à Bâle.
Pas au détriment de Bâle
De mauvais augure pour la ville des bords du Rhin? "Notre présence à Boston n'est pas destinée à remplacer nos activités bâloises, mais plutôt à les compléter", souligne Jeffrey Lockwood, qui rappelle qu'avec 2700 chercheurs Bâle demeure le premier site de recherche du groupe.
Le gouvernement bâlois porte un regard serein sur cette évolution. "A l'annonce du départ de la direction des activités de recherche de Novartis en 2002, nous avons redouté des conséquences négatives. Mais nos craintes ne se sont pas matérialisées", note Samuel Hess, directeur des affaires économiques au Département de l'économie et de l'emploi de Bâle-Ville.
Le nombre d'employés dans le domaine des sciences de la vie dans le canton est passé de 12'500 en 2000 à 16'900 en 2010. Durant cette période, Novartis a investit plus de 2 milliards de francs pour développer son campus bâlois. Il a aussi réitéré il y a peu son intention de concentrer 10'000 emplois à Bâle à l'horizon 2030.
Selon Samuel Hess, "Bâle est, et va rester, un site de recherche stratégique pour Novartis, pour autant que la Suisse continue à l'avenir d'offrir des conditions-cadre intéressantes à la branche pharmaceutique."
ATS, 27 février 2012
