Interview avec Sabrina Ben Amara, jeune pharmacienne engagée


LAUSANNEMme Sabrina Ben Amara est une jeune pharmacienne engagée qui a réussi de très belles études de pharmacie. Elle a accordé une longue interview à Pharmapro pour aborder différents aspects de la profession.

1. Quel est votre parcours professionnel (études, postes occupés) en quelques mots?

J’ai commencé mes études à Lausanne en 1ère année, puis ai poursuivi à Genève où j’ai obtenu le bachelor, le master et le diplôme fédéral de pharmacien. J’ai fait mon stage de 5ème année dans les pharmacies Metro Flon et Metro Ouchy. Suite à l’obtention de mon diplôme, les pharmaciens propriétaires m’ont proposé une place. J’y suis donc depuis 4 ans maintenant.

Mes patrons m’ont encouragée à faire la formation postgrade FPH en officine. Cela m’a permis d’acquérir de nouvelles connaissances et des nouvelles compétences, comme la vaccination, le marketing, la gestion d’équipe et d’entreprise.

Je me suis rapidement investie au CAP1. J’ai rejoint le groupe de travail en 2015 en tant que responsable des séminaires pour les étudiants en pharmacie de 5ème année. Je suis également responsable régionale pour la formation des assistantes en pharmacie en collaboration avec la société vaudoise de pharmacie (SVPH)2.

2. Qu'aimez-vous dans le métier de pharmacien ?

 Le métier de pharmacien est diversifié, en pleine évolution, révolution. Le pharmacien est appelé à s’améliorer et changer sa manière de travailler, au niveau du service, des cercles de qualité (CQ), des établissements médicaux sociaux (EMS).

J’aime le contact avec le patient, il y a une dimension sociale. Ainsi, je ne suis pas seulement en contact avec des collaborateurs, comme cela pourrait être le cas dans un bureau.

Ce métier n’est vraiment pas monotone comme pourraient le croire certains. En effet, le pharmacien est sollicité à de multiples reprises lors d’une journée en officine. Le service, la gestion d’une équipe, le développement de nouveautés – tous ces éléments font du métier de pharmacien une activité stimulante et diversifiée.

3. Pourquoi étudier la pharmacie ?

 J’ai depuis toujours une passion pour le domaine scientifique, mais j’aime également le contact social. Ainsi, le métier de pharmacien me permet d’allier mes deux passions.

Le pharmacien a de nombreuses connaissances scientifiques, qu’il a pour rôle de transmettre le plus clairement possible à ses patients. L’échange me plaît beaucoup. Il faut être capable de créer le lien. L’empathie permet de créer ce pont.

4. Trouvez-vous qu’il soit difficile d’effectuer ce métier ? Avez-vous parfois des moments de solitude, de doutes et si oui, pourquoi ?

Je ne trouve pas qu’il soit difficile d’effectuer ce métier, si on l’a choisi par passion et intérêt dès le départ. Je savais que je voulais faire cela, comme déjà expliqué au point 3.

Au départ, lorsque l’on passe de statut d’étudiant à celui de pharmacien qui doit contrôler et superviser le travail des autres, on peut manquer d’assurance. Je parlerai donc plutôt de maladresse que de solitude. Mais le métier entre très vite. Le fait d’avoir une équipe soudée et motivée permet d’avancer plus vite. En réalité, on n’est pas tout seul, on est dans une équipe.

Quant à la solitude, on en ressent parfois face à la détresse des gens. Ce n’est pas toujours facile, mais cela fait partie de notre travail.

5. Que pensez-vous de cette phrase "Le client/patient est le roi (ou au centre) de toutes les attentions" ?

Je ferais une distinction entre patient et client. Le patient est une personne malade ou une personne ayant un besoin pour sa santé. Il est essentiel d’assurer sa sécurité face aux médicaments qu’il prend entre autres. Plus que roi, il est au centre de nos attentions, ces dernières étant toujours orientées vers son bien-être.

Un client qui viendrait dans notre pharmacie pour autre chose que des médicaments ou des conseils spécialisés est roi tant que la relation de respect est maintenue.

Il faut se rappeler que le pharmacien est un scientifique et non un vendeur. Même s’il dirige un commerce. C’est un commerce spécialisé dans le milieu médical.

6.  Dans quel domaine le pharmacien peut-il être utile pour la société, autrement dit quelle est la valeur ajoutée du pharmacien en 2016 ?

Le pharmacien, selon moi, joue trois rôles essentiels : la remise de manière sécuritaire des médicaments aux patients, la prévention/la promotion de la santé, la mise à disposition des patients d’informations médicales et scientifiques accessibles.

VN : Pour le 3ème point que vous mentionnez, qu’en est-il d’internet ?

SBA : Le fait que les gens s’informent, notamment via internet, je trouve cela positif. C’est le signe qu’ils prennent en mains leur santé et qu’ils ont besoin d’en savoir plus. Lorsqu’un patient me demande ce que je pense des informations trouvées sur internet, nous en discutons et faisons le tri de l’information.

Je ne me sens donc pas menacée par internet, car tout n’est pas forcément juste, bien vulgarisé ou bien transmis. Si les gens gardent en tête que nous pouvons les aider à comprendre l’information d’internet ou d’autres sources, c’est quelque chose de positif.

7. Comment voyez-vous l'avenir de la profession quand on voit la baisse continuelle du prix des médicaments ?

Il faudrait que l’on soit détaché du prix du médicament. Il y a d’un côté le prix d’achat du médicament et les coûts logistiques. De l’autre côté, il y a la prestation pharmaceutique. Notre défi est de valoriser notre valeur ajoutée.

Il y a eu ensuite les forfaits et on pensait que cela marcherait, car les prix ne baisseraient plus, mais cela continue. Aujourd’hui, je pense que la question à se poser est la suivante : Quand les prix seront baissés à leur minimum, qu’ils ne couvriront plus que les frais logistiques, que ferons-nous ?

8. Comment faire pour améliorer la relation et la collaboration entre pharmaciens, médecins et autres acteurs du système de santé ?

Pour moi, le terrain est essentiel. Il faut aller sur place, s’informer du travail des autres, comment ils le font, voir leur travail et qu’ils viennent voir le nôtre. Il faut être interprofessionnel, créer des réseaux. Un pharmacien pourrait, par exemple, vivre la journée d’un médecin ou d’une infirmière et vice et versa. Cela nous permettrait à tous de comprendre les enjeux de chacune des professions médicales avec lesquelles nous collaborons et nous pourrions ainsi mieux identifier les besoins de chacun.

Je pourrais aussi donner l’exemple des EMS. Il faudrait faire connaissance en amont, faire des stages en EMS si on veut devenir pharmacien référent d’un EMS. Comprendre leur logistique et que les infirmiers comprennent la nôtre. Cela faciliterait le travail.

 A l’époque, les pharmaciens et les médecins collaboraient de manière plus serrée, ils se connaissaient, pouvaient identifier les forces et les faibles des uns et des autres.

9.  Vous avez obtenu le meilleur prix pour le travail de diplôme dans le cadre de la formation postgrade FPH, crû 2016. Parlez-nous de l’après-travail de diplôme. Les pharmaciens-pilotes ont bien reçu et utilisé l’algorithme de prise en charge des cas d’urgence. Comment voyez-vous son implémentation dans les pharmacies ?

Par ce travail de recherche, je désirais que les pharmaciens prennent conscience de l’importance de documenter et d’être plus systématique dans la prise en charge de chaque situation qui sort de la norme en officine. C’est mon cheval de bataille et c’est pour cela que j’ai développé un algorithme de prise en charge et de documentation des situations d’urgence en officine. C’est important pour notre crédibilité. Le pharmacien doit documenter son travail de manière consciencieuse. Même si actuellement l’algorithme de prise en charge et de documentation développé n’est pas implémenté, j’espère que les pharmaciens qui ont participé à mon travail de diplôme ont compris l’importance de la documentation et de la systématique : c’est essentiel, pour notre crédibilité, pour la sécurité du patient et pour le suivi médical.

10. Comment faites-vous pour rester à jour ?

Il y a les formations proposées sur les sites internet des sociétés cantonales et faîtières, je m’y réfère souvent. Mais en général, je regarde ce que je veux savoir faire et je regarde quel corps de métier pourrait me l’enseigner. J’aime être formé par les professionnels du métier, les spécialistes de leurs domaines.

11.  Avez-vous une ambition professionnelle ? 

Oui, mon ambition c’est d’être épanouie au travail, ne jamais m’ennuyer. Il y a tellement de choses à développer et mettre en place en officine. Le métier vit une réelle métamorphose. J’ai actuellement un travail qui me plaît, des challenges et des activités « extra-officine » enrichissantes. 

12.  Finalement, êtes-vous plutôt thé ou café ?

Je suis café au petit-déjeuner et thé dans le courant de la journée

Le 16 novembre 2016, interview réalisée par Mme Van Nguyen, pharmacienne.

Références

1. https://www.pharmacap.ch
2
http://www.vaud-pharmacies.ch/

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