Campagne "Stop aux fractures" pour évaluer ses risques
LAUSANNE - Maladie fréquente et pourtant mal connue, l'ostéoporose est à l'origine de fractures pour une femme sur trois et un homme sur sept chez les plus de 50 ans. Lancée à l'occasion de la Journée mondiale de l'ostéoporose dimanche, une campagne permet à chacun de tester ses risques via le site internet www.stopauxfractures.ch.
Cette maladie sournoise et silencieuse a de lourdes conséquences physiques et économiques, a expliqué mercredi Olivier Lamy, médecin chef du Centre des maladies osseuses (CMO) du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Due au vieillissement, la faiblesse osseuse passe le plus souvent inaperçue jusqu'à ce qu'un accident se produise.
Les fractures peuvent être douloureuses, conduire à l'invalidité ou même réduire l'espérance de vie. D'ailleurs, parmi les plus de 50 ans, 12,2% des décès des femmes et 4,6% de ceux des hommes sont en lien avec l'ostéoporose, précise le spécialiste.
Deux à trois milliards
La maladie engendre des coûts énormes. Ceux liés aux hospitalisations se montaient à 700 millions en 2000. Ils atteindront un milliard en 2020. Si l'on prend en compte les coûts indirects, tels que les soins à domicile ou en EMS, ce montant pourra être multiplié par deux ou trois, relève M. Lamy.
En général, ni les patients, ni les médecins traitants n'ont suffisamment le réflexe de penser à l'ostéoporose lors d'une fracture du poignet ou d'une vertèbre. L'un des objectifs de la campagne est d'éveiller la conscience générale face à cette maladie et d'informer les gens sur les possibilités de traitement et de prévention, a-t-il souligné.
Le coup d'envoi de "Stop aux fractures" sera donné jeudi à Lugano lors d'une manifestation informative. D'autres conférences publiques auront lieu samedi à Zurich et au CHUV. Celle de Lausanne sera retransmise en direct dans les hôpitaux de Delémont, Sion et Vevey.
Recommandations
Accessible en trois langues, le site www.stopauxfractures a pour objectif de permettre aux personnes qui n'ont pas souffert de fractures d'évaluer leur risque à dix ans par le biais d'un test. Des recommandations leur seront fournies suivant leur niveau de risque bas, moyen ou élevé.
Pour l'heure, le dépistage n'est remboursé en Suisse qu'en cas de pathologies avérées, note le médecin chef. Certaines personnes souhaitent cependant le faire à des moments-clés comme la ménopause. La Société suisse contre l'ostéoporose (ASCO) se bat depuis des années pour qu'il soit remboursé par les caisses maladie.
Filière de la fracture
Par ailleurs, la filière de la fracture du CHUV, qui propose une interaction étroite entre chirurgiens, rhumatologues et le CMO, a permis de grandement améliorer la détection de l'ostéoporose, a rappelé le médecin chef. Grâce à cette filière, le taux des personnes souffrant de fractures et chez qui un traitement pour l'ostéoporose était nécessaire a passé de 10% en 2006 à 70%aujourd'hui, contre 20% en moyenne nationale.
La Suisse fait partie des pays où le risque d'ostéoporose est le plus élevé, rappellent l'ASCO et le réseau médical Plateforme-Ostéoporose de la Société suisse de rhumatologie dans un communiqué. En 2007, les fractures de la hanche due à cette maladie ont causé plus de 10'000 hospitalisations.
Découvrez aussi un dossier complet sur l'ostéoporose (sur Creapharma.ch)
ATS, 16 octobre 2013