Les personnes atteintes d'une maladie cardiaque sont à risque lorsque les pharmacies ferment leurs portes


CHICAGO - Une nouvelle étude de l'Université de l'Illinois à Chicago montre que lorsque les pharmacies ferment leurs portes, les gens cessent de prendre des médicaments fréquemment utilisés pour le cœur comme les statines, les bêta-bloquants et les anticoagulants oraux qui ont des effets cardiovasculaires et de survie. Les résultats ont été publiés dans le journal JAMA Network Open (10.1001/jamanetworkopen.2019.2606) le 19 avril 2019.

Les chercheurs, dirigés par le Prof. Dima Qato de l'UIC, rapportent que les baisses d'observance, c’est-à-dire le respect de la prescription - y compris l'arrêt complet des médicaments - étaient les plus importantes chez les personnes utilisant des pharmacies indépendantes et qui achètent tous les médicaments de leurs prescriptions dans un seul magasin ou qui vivent dans des quartiers à faible accès et avec moins de pharmacies.

Non-adhésion au traitement

« Bien que les efforts en cours pour améliorer l'observance du traitement soient axés sur l'amélioration de l’accès aux médicaments en offrant un coût plus abordable, cette étude suggère que les politiques visant à réduire la non-adhésion aux médicaments d'ordonnance devraient également s'attaquer aux obstacles systémiques au-delà du coût élevé des médicaments d'ordonnance, comme l'accès à la pharmacie », a déclaré Qato, professeur associé aux systèmes, résultats et politiques pharmaceutiques à l'Université de Pharmacie UIC. « Ces résultats prouvent que les fermetures de pharmacies favorisent la non-adhésion, y compris chez les personnes âgées assurées. »

À l'aide de données provenant d'une base de données nationale sur les pharmacies payantes reliant les patients des canaux de distribution au détail et hors détail, les chercheurs ont analysé les données recueillies auprès de plus de 3 millions d'adultes de 50 ans et plus qui ont rempli au moins une ordonnance de statine dans une pharmacie de détail entre 2011 et 2016. Ils ont comparé l'observance du traitement chez les personnes qui avaient rempli une ordonnance dans une pharmacie qui a fermé ses portes - environ 93 000 personnes - et chez celles dont la pharmacie est restée ouverte.

Baisse immédiate et significative de l’observance

Les chercheurs ont constaté que les utilisateurs de statines dans les pharmacies qui ont fermé leurs portes ont connu « une baisse immédiate et significative de l'observance statinique » dans les trois mois suivant la fermeture. Ce recul était « largement dû à l'arrêt complet du traitement ». Parmi les utilisateurs de statines, environ 23,8 % des personnes concernées par la fermeture de pharmacie n'ont pas renouvelé leur ordonnance au cours de la période de suivi de 12 mois, comparativement à seulement 12,8 % dans le groupe de non-fermeture.

On a également observé une baisse de l'observance du traitement chez les personnes qui avaient pris leurs médicaments sur ordonnance au cours de l'année précédant la fermeture. Parmi ceux qui étaient entièrement adhérents au départ, 15,3 % des membres du groupe de la fermeture ont cessé de prendre leurs statines, comparativement à seulement 3,5 % des membres du groupe des non-fermetures.

Le Prof. Qato et ses collègues ont observé des tendances similaires pour les bêta-bloquants et les anticoagulants.

La fidélité à un seul magasin : un facteur de risque

Parmi ceux qui étaient les moins susceptibles de connaître une baisse de l'adhésion, on retrouvait les personnes qui fréquentaient régulièrement plusieurs magasins de détail.

« Nous avons constaté que les baisses d'observance étaient presque deux fois plus importantes chez les patients " fidèles " à un seul magasin que chez ceux qui utilisaient plusieurs magasins », déclare le chercheur. Cette constatation est importante parce que les pharmacies de détail, en particulier les chaînes de pharmacies, font souvent la promotion de programmes de fidélisation qui encouragent les patients à remplir toutes leurs ordonnances dans un de leurs magasins.

Les auteurs recommandent plusieurs stratégies pour empêcher la fermeture des pharmacies à risque, y compris des politiques qui assurent un remboursement suffisant des médicaments sur ordonnance.

« L'élargissement de la réglementation qui exige que les plans soient conformes aux normes d'accès pratique des pharmacies afin d'imposer également des normes minimales de remboursement est une option politique potentielle », ajoute le Prof. Qato.

Nécessité d’une fermeture planifiée

Les stratégies qui ciblent directement les patients les plus à risque d’être affectés par une fermeture de pharmacie sont également importantes à considérer, soulignent les auteurs. Parmi les stratégies possibles, mentionnons la sensibilisation des patients par les pharmacies avant une fermeture planifiée, une plus grande souplesse dans les plans de santé sur lesquels les pharmacies sont préférées et le recours à la prestation à domicile par les pharmacies et les plans de santé pour surmonter les obstacles potentiels à l'accès.

De plus, les politiques devraient tenir compte du rôle des gestionnaires de services pharmaceutiques, ou PMP, selon les auteurs.

« On s'attend à ce que les fermetures de pharmacies augmentent en raison du rôle croissant des PMP dans le marché des pharmacies, en grande partie en raison d'une hausse des fusions et acquisitions. Par conséquent, le fait de ne pas intégrer les PMP dans les efforts visant à améliorer l'accès aux médicaments d'ordonnance risque d'aggraver la non-adhésion chez les personnes âgées aux États-Unis », conclut le Prof. Qato.

Le 24 avril 2019. Par la rédaction de Pharmapro (supervision scientifique par Xavier Gruffat, pharmacien). Sources : Communiqué de presse de l’étude (en anglais). Référence : JAMA Network Open (10.1001/jamanetworkopen.2019.2606). Crédits photos : Adobe Stock

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