Nyon: jeune doctoresse accusée d'homicide par négligence
NYON - Le procès d'une femme médecin de 30 ans s'est ouvert lundi devant le Tribunal de Nyon (VD). La jeune femme est accusée d'avoir causé par une erreur de diagnostic la mort d'une femme de 43 ans en avril 2008. Le Ministère public a demandé l'acquittement.
Pour le Parquet, il n'existe pas de lien de causalité suffisant pour conclure à un cas d'homicide par négligence : un diagnostic correct n'aurait pas assuré à la victime, gravement malade, de survivre. Le verdict tombera mardi.
Doctoresse inexpérimentée
Le 6 avril 2008, jeune médecin assistante, l'accusée effectuait son premier jour de travail à l'Hôpital de Nyon. De garde au service des urgences, elle a ausculté une patiente arrivée en ambulance, qui se plaignait notamment d'angoisses, de nausées et de vomissements.
Ne remarquant aucun signe alarmant chez sa patiente, pas plus que sur l'électrocardiogramme effectué à son arrivée, la doctoresse a diagnostiqué une crise de panique. Renvoyée chez elle, la victime est décédée en fin de soirée d'une embolie pulmonaire massive.
Concours de circonstances
L'expertise a permis de conclure qu'un concours de circonstances et plusieurs erreurs de l'accusée sont à l'origine de son mauvais diagnostic. Totalement inexpérimentée dans le domaine des urgences, la jeune femme avait été désignée pour être de garde en raison du manque d'effectifs à l'Hôpital de Nyon.
L'accusation reproche à la doctoresse de n'avoir pas cherché à se procurer la feuille d'informations établie par l'infirmier dans l'ambulance et indiquant l'existence d'un état de choc, qui aurait dû lui être remise. Elle aurait aussi dû déceler que l'électrocardiogramme indiquait une situation anormale.
A l'audience, l'accusée a expliqué avoir été induite en erreur par le fait que la victime n'a pas été placée dans le box réservé aux patients en état de choc. Elle a aussi été "rassurée" par le fait que sa patiente était suivie par trois spécialistes, qui n'ont pas décelé sa pathologie.
Défauts de structure et d'organisation
Selon les experts et le Ministère public, la doctoresse aurait dû s'inquiéter de l'état de sa patiente et appeler le médecin chef, présent dans l'hôpital. Très marquée par le drame, elle a reconnu à l'audience avoir commis des erreurs et a expliqué qu'elle aurait agi différemment avec l'expérience dont elle dispose aujourd'hui.
Par son défenseur, la mère de la victime a expliqué qu'elle a déposé plainte davantage pour "dénoncer les défauts de structure et organisation de l'hôpital" que contre la doctoresse, qui "a des excuses". Elle considère "anormal qu'un jeune médecin inexpérimenté ne soit pas supervisé de manière systématique".
Depuis le drame, l'Hôpital de Nyon a modifié son organisation. Les effectifs ont été augmentés, les contrats d'une année des médecins assistants ont été portés à deux ans et des infirmiers trieurs spécialisés, chargés de signaler aux médecins les symptômes significatifs constatés avant les consultations, ont été engagés.
Source : ATS 24.01.2011