Rapport OCDE et OMS : le système de santé suisse peut mieux faire
BERNE - Le système de santé suisse peut mieux faire. Il doit s'adapter à la hausse des coûts et à l'augmentation des maladies chroniques telles que le cancer ou le diabète. Il doit aussi se concentrer sur la prévention des maladies, souligne un rapport de l'OCDE et de l'OMS.
Le document présenté lundi à Berne est le deuxième du genre, après celui publié en 2006. Il analyse en anglais le système de santé helvétique sur 160 pages. Il salue les progrès réalisés depuis, dont l'interdiction de fumer dans les lieux publics, et propose cependant un catalogue de 26 recommandations.
Il préconise par exemple la mise en place du dossier électronique des patients, de réviser à court terme le système de tarification des prestations médicales ambulatoires (Tarmed) ou de promouvoir davantage les médicaments génériques ou les produits "managed care" tels que les médecins en réseaux. Bref, il propose d'améliorer la qualité, l'efficacité et la coordination des soins.
Manque de concurrence
Le rapport pointe que "les assureurs ne sont guère incités à se faire concurrence". La multiplicité des assureurs ne fait que limiter la capacité de mutualiser les financements et les risques. Elle peut engendrer des coûts administratifs élevés.
L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ne prend pas position sur le projet de caisse maladie unique. "Nous n'avons pas de préférence pour un système ou un autre", a déclaré son représentant John Martin lors d'une conférence de presse. Ce n'est pas la mission d'une organisation internationale de décider ce qu'un pays doit faire, a-t-il rappelé.
Forfaits par cas
Au chapitre du financement hospitalier, la mise en vigueur en janvier prochain des forfaits par cas "constitue une avancée majeure". Le rapport met toutefois en garde: cette avancée pourrait être compromise par le double jeu de cantons qui financent et exploitent les hôpitaux.
Les réformes du financement hospitalier "amèneront probablement" des interrogations sur la viabilité de certains hôpitaux. En particulier les petits, dont le volume d'activité pourrait être insuffisant pour être viable.
L'analyse met en exergue plusieurs défis pour le système de santé suisse, dont le vieillissement de la population, la hausse du nombre de maladies chroniques et l'augmentation prévisible de l'obésité notamment chez les jeunes. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'OCDE, il faut d'urgence promouvoir des actions de prévention et de promotion de la santé.
Pénurie de personnel
Le rapport alerte sur la future pénurie de personnel de santé, en raison notamment du départ à la retraite de nombreux médecins et infirmiers d'ici 2030. Il préconise une stratégie à long terme qui ne passe plus principalement par le recours au personnel immigré.
L'étude qualifie de "médiocre" le système d'information sur la santé. Elle conseille donc à la Confédération de systématiser la collecte d'un ensemble minimum de données dans tous les cantons portant sur la qualité des soins, la santé publique et les soins ambulatoires.
Système coûteux
Enfin, il faudrait à terme renforcer et institutionnaliser la coordination entre les niveaux fédéral et cantonal, ainsi qu'entre les cantons.
L'espérance de vie en Suisse, parmi les plus élevées au monde, et le haut degré de satisfaction des patient confirment la bonne performance du système de santé helvétique. Celle-ci est cependant obtenue à un coût considérable, observe le rapport. La Suisse a dépensé 11,4% de son produit intérieur brut (PIB) pour la santé, alors que la moyenne des 34 pays de l'OCDE est de 9,6%.
"Un encouragement"
"Ce rapport ne dit rien de très spectaculaire mais c'est un bon guide et un encouragement", a expliqué Pascal Strupler, directeur de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), devant les médias.
"Ce regard extérieur sur notre système de santé nous confirme que nous sommes sur la bonne voie", a-t-il remarqué. "Il confirme aussi que nous devons poursuivre nos réformes et les mener à terme. En résumé ce rapport dit aussi que nous devons mieux prévenir et mieux soigner".
ATS, 17 octobre 2011